Prise d'otage

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Nos masques ne cachent que trois beaux sourires. Paix dans le monde et sur les enfants malheureux.

Une prise d’otage est un moyen de revendication né au début de l'ère du feu, faisant suite au principe de l’hécatombe d’opposants qui sévissait auparavant. L'idée majeure, révélatrice d’un formidable esprit de modernité, réside dans l’approche novatrice qui consiste à octroyer des droits à une minorité sous prétexte qu’elle menace directement la sécurité de tous les autres. En cela, elle est encouragée par les extrêmes diverses, et condamnée par la loi divine. Par son caractère, elle est indissociable du chantage primaire. C'en est même un produit dérivé.

Oui, mais encore ?

Svena, je ne te parle plus jusqu'à ce que tu reconnaisses qu'on est tous des crétins. Bel exemple de division, tiens !

On raconte souvent que ce qui différencie l'Homme de l'animal réside dans la Conscience, or il n'en est rien : c'est notre simple faculté à éprouver une empathie mal placée au mauvais moment, donc indirectement provoquer des situations aussi tordues qu'une guerre de position en plein centre-ville aux heures de pointe, réquisitionnant un tas de policiers qui ont plein d'autres choses à faire, sous prétexte qu'un dingue menace d'abattre les clients innocents d'un honnête banquier.

En prenant en compte la bestialité sauvage de nos amis les animaux, il est totalement impossible d'espérer constater une scène du genre dans la nature, ce qui divise la communauté scientifique sur le fait de savoir si notre tendance à risquer 18 vies pour en sauver une est réellement un signe d'intelligence.

Le concept revendicatif de la prise d'otage s'appuie sur la faculté humaine à accorder la même importance à toutes les vies, sauf certaines. Une bourse des otages a donc été mise en place par différentes organisations terroristes pour faciliter la circulation des capitaux au niveau international.

Actuellement, sur le marché des changes, le britannique s'arrache à prix d'or. L'indice de valeur utilisé est le GI Afro-Américain, qui vaut à titre d'indication 1/2 journaliste occidental. La valeur plafond étant le président américain en exercice depuis moins d'un mois, très prisé des courtiers, mais malheureusement plutôt difficile à se procurer.

En parallèle, la séquestration abusive peut avoir plusieurs variantes, notamment dans le cas d'une manifestation d'ouvriers soviétiques réclamant d'être payés de leur année de bénévolat, que nous développerons bien évidemment plus bas.

Variantes

Avec un enfant

Et voilà, il est traumatisé à vie, ça va nous faire un futur sérial-killer en bout de chaîne ! Vous êtes content ??

Qui n'a pas usé de sa supériorité mentale sur un petit être en bas âge pour lui faire croire avec une cruauté sans limites qu'on vient de lui voler son nez ? Pour ensuite placer une condition à la restitution du membre faussement arraché des plus inhumaines, comme arrête de hurler, ou range ton landau, toutes deux conclues par un sinon, je le jette à la poubelle. Ne ris pas, je ferai ce que j'ai à faire si tu ne te soumets pas à mon autorité.

Les pédopsychiatres ont démontré qu'une telle situation était traumatisante pour les enfants, certains même souffrant de phobies nocturnes par la suite, voire même de syndrome de Stockholm envers le bourreau qui détruisit 18 fois leur nez (oui, l'enfant, en plus d'être bête, ne sait pas compter).

Avec un pays

M. Le président, quelles sont les mesures que vous proposez aux salariés qui vont se retrouver à mendier pour pouvoir nourrir leurs enfants lépreux ? Damned ! Je suis cerné ! Vite, où est l'issue de secours ?

Si votre boulanger fait grève, il prend en otage la trentaine de clients réguliers qui viennent s'approvisionner chez lui. Sans réfléchir aux conséquences, il prive cruellement des honnêtes gens de leur ration quotidienne, qui iront voir chez le concurrent si la baguette est plus verte, sans trop en avoir le choix. Si on remplace le boulanger par... disons une entreprise publique de transport ferroviaire quelconque par laquelle on est obligé de passer pour se déplacer, la situation diffère car l'usager ne peut faire jouer la concurrence. Il est coincé en gare, à perdre son temps, en ruminant sa haine au travers d'une barbe de 4 jours (à la base, son voyage devait durer 2h). C'est la victime innocente, et ils sont des dizaines de millions dans son cas, séquestrés en plein air par l'incompétence des négociateurs de l'Etat à résoudre un problème portant sur l'augmentation de l'indemnité de déplacement de 0.01% vis à vis de l'envolée du prix des voitures neuves et du propergol 15.

Un pays peut donc se retrouver paralysé, assistant impuissant aux discussions stériles entre la centaine de surdiplômés du conseil d'administration et les 2000 rebelles marxistes sous-diplômés : les uns essayant d'expliquer que les dividendes de la société n'ayant pas été suffisantes pour envisager une telle augmentation, sa répercussion se manifesterait par une hausse du prix du billet, les autres tentant vainement de convaincre le PDG que s'il revendait sa montre en or cerclée de poussière de météorite, il pourrait à lui seul assumer le versement de cette indemnité pendant 10 ans à tous les salariés.

Avec soi-même

C'est con d'avoir sauté, il avait dit oui.

Assez répandu, le classique Si tu meurs/me quittes/fais un enfant avec une autre/manges un gâteau dans mon dos, je me suicide n'en demeure pas moins étonnant par son extrême complexité d'approche. En effet, dans le cas d'une prise d'otage banale, la victime et le bourreau sont deux personnes distinctes, ce qui facilite l'application de la théorie dite du sniper, mais quand les deux personnes se trouvent être la même personne, c'est plus difficile à appréhender.

Céder aux exigences est la meilleure des sorties de crise, même si elles sont fantasmagoriques : l'essentiel étant que le malade soit maîtrisé pour être par la suite attaché avec des lanières de cuir au fond de la plus sombre cellule d'isolement du pire hôpital psychiatrique du coin pour éviter qu'il ne récidive.

Avec des innocents

C'est la plus courante, car elle a l'avantage de posséder une multitude presque infinie de sous-variantes : dans un avion, dans une banque, dans une ambassade... Elle n'a de limite que l'imagination. On distingue néanmoins deux grandes catégories :

Longue durée (+ de 6 jours consécutifs)

Plutôt rejetée par le grand public à cause de son extrême violence, cette pratique se retrouve répartie de manière disparate sur la surface du globe, avec des foyers situés dans les zones instables où les habitants des zones stables viennent se faire enlever. Elle s'appuie sur le principe fort que On ne négocie pas avec les terroristes, sauf si. Parfois, pour bien montrer que ce n'est pas un canular ou une manipulation de l'opinion publique orchestrée par un Etat pour justifier d'une guerre préventive, les preneurs d'otage exécutent devant l'œil d'une caméra une de leurs victimes et la diffusent sur Internet.

Ce geste symbolique a pour but de faire passer le message subliminal Regardez ce que vos gouvernants nous obligent à faire. Malheureusement, en raison de la grande différence de culture qui existe entre les deux peuplades, l'opinion visée l'interprètera plutôt simplement comme ceci : Regardez ce que nous faisons.

Le côté amusant réside dans l'éternel jeu du chat et de la souris qui se joue entre les services secrets du pays de naissance de l'otage aux fonds illimités qui débarquent dans une contrée inconnue et les terroristes, habitant l'endroit depuis toujours. On l'appelle aussi "Prise d'otage mobile".

Courte durée

Chef, vous êtes sûr que c'est le bon avion ?

Elle se caractérise par l'immédiateté dans laquelle tous les protagonistes sont plongés. Parfois consécutive à un braquage raté, ou ayant pour but divertif de réunir toutes les forces de l'ordre à une extrémité de la ville pendant que des complices organisés pillent l'autre extrémité, on retrouve tristement un nombre assez important de victimes, dépendant directement de la maîtrise de soi du preneur d'otage et de son taux de caféine dans le sang.

Elle se déroule en règle générale à huis-clos, dans une ambiance plutôt tendue, à l'intérieur d'un bâtiment ou d'un véhicule lui-même cerné par la police ou l'armée selon les circonstances. Le dialogue entre le négociateur et le forcené est important car il influe directement sur le maintien en laisse du sergent obèse qui passe son temps à hurler Il faut donner l'assaut ! entre deux beignets.

Son issue se solde généralement sur un bilan mitigé quand un membre des forces spéciales s'étant tiré une balle dans le pied par accident accuse, pour des raisons d'assurance et de dignité, le preneur d'otage désarmé d'avoir tenté de le tuer. Les otages sont libérés au compte-goutte car le forcené espère toujours que l'hélicoptère qu'il a commandé va bientôt arriver, alors qu'en fait le sergent obèse est en train de discuter avec les victimes libérées pour dresser un plan d'attaque ayant pour objectif direct d'envoyer le preneur d'otage très haut dans le ciel sans aucune aide mécanique.

La prise d'otage à travers les âges

Avant la découverte du feu

Un exemple de problème compliqué qui n'existait pas avant la découverte du feu, faisant son apparition brutale à l'instant T+1 seconde.

A cette époque reculée, le besoin n'existant pas, les revendications diverses s'en sont trouvées fort limitées, freinant du même coup le développement des manifestations terroristes et ses merveilleux avantages. On ne recense pas de réelle séquestration sous la menace d'une arme à ces époques reculées, le principe de l'hécatombe d'opposant était constamment appliqué, ce qui rendait tous les problèmes compliqués très simples, mais qui avait le fâcheux désavantage de ralentir considérablement l'évolution démographique de l'humanité.

Après la découverte du feu

C'est sûr que si c'est livré sans mode d'emploi...

Là, on commence à parler de choses sérieuses. A l'instant précis où le premier Homme a réussi l'exploit d'allumer un feu par l'intermédiaire de deux cailloux frottés l'un contre l'autre, un deuxième Homme, celui qui le regardait, celui à qui on venait de voler la première place, décida de s'approprier l'exploit dans l'optique qu'on se souvienne de lui pour l'éternité ; ce qui n'a pas marché vu qu'aujourd'hui on ignore toujours qui c'était.

Pour ce faire, vu qu'il n'avait pas entièrement compris la technique, il dut contraindre son compatriote à lui expliquer le fonctionnement des cailloux, ce dernier étant récalcitrant. Deux solutions se présentaient : la ruse ou la brutalité. A cette époque lointaine, la ruse n'ayant pas été inventée, l'homme se reporta donc sur la violence. Il leva son poing et menaça de tuer si le secret ne lui était pas délivré.

Devant le refus obstiné de son homologue, il passa à l'acte, ce qui replongea l'humanité dans le noir jusqu'à ce qu'un autre mec découvre à nouveau le feu quelques siècles plus tard, sans une entité envieuse à ses côtés pour tenter de lui voler le concept cette fois-ci. La prise d'otage en tant que fait est donc indirectement responsable d'un retard technologique d'environ 300 ans au niveau de l'Humanité, d'après les archéologues.

Dans la primitivité pré-calendrier

On retrouve des rapts sauvages, baignés dans le sang de l'innocence et de l'injustice, principalement de personnalités riches et influentes, le petit peuple étant réduit à l'esclavage. La séquestration était souvent abusive et non-désirée sans pour autant que les conditions d'enfermement soient atroces et les revendications irréalisables.

A noter : La première tentative d'invasion du monde par les ancêtres des monégasques via la menace de l'exécution du super-trisaïeul du cheval blanc d'Henri IV, qui aurait eu bien évidemment de graves conséquences sur le futur. En effet, un outil de simulation a démontré que si le Roi n'avait pas eu CE cheval avec lequel il vivait une passion fusionnelle, le courage pour signer l'Edit de Nantes lui aurait manqué, étouffant dans l'œuf toute tentative de paix entre les catholiques et les protestants, menant à la destruction de la planète par guerre thermonucléaire de religion 600 ans plus tard. On remercie donc la couardise des monégasques qui, voyant leurs exigences non réalisées en plus d'être méprisées, ont préféré libérer l'otage.

En 33 après lui-même, Jésus pose la première pierre d'une véritable institution

Un soldat romain appréhendant la réaction de Dieu au kidnapping de Son Fils

C'est la seule et unique tentative de chantage au niveau divin que le monde ait vécu jusqu'ici. Les romains, peuple fier et orgueilleux, ont été transformés par l'histoire en monstres ayant crucifié le fils de l'Innommable, alors qu'ils mériteraient une médaille pour le culot dont ils ont fait preuve.

Conscients de la véracité des propos de Jésus, le gouverneur de la ville a pris sciemment la décision de le condamner à mort pour être en position de force en cas de négociation avec le Créateur, portant notamment sur la ressuscitation de César et la non création de l'empire wisigoth. C'était sans compter les ressources du Père qui, non content de regarder Son Fils mourir en hurlant Son nom, ressuscita ce dernier et laissa gravé dans le bois de sa croix un message à l'adresse des Romains :

Oups, désolé, je me suis trompé de gars.

Blague qui est très mal passée, au Sénat en particulier, et qui fut interprétée comme une déclaration de guerre, à laquelle fut immédiatement opposée une exécution en plein air d'otages chrétiens. On connait la réaction de l'Offensé, qui s'étale sur le demi-millénaire d'agonie de l'empire romain.

Période médiévale

Epoque faste avec l'apparition des oubliettes, du rapt de damoiselle en détresse et le développement des complots, menant à une internationalisation des prises d'otages, certains rois n'hésitant pas à envoyer des soldats capturer la fille d'un de leurs ennemis pour l'épouser de force et ainsi mener à la fusion des deux royaumes. Les cas pleuvent, le romantisme exacerbé contrastant avec la puanteur ambiante aiguillonnant lentement l'humanité vers des valeurs qui aujourd'hui lui sont chères, comme le respect du corps de la femme ou le savon (encore qu'il existe de par le monde quelques poches de résistance à ces deux principes fondamentaux).

Avant, il aurait été inimaginable qu'un homme risque sa vie pour aller arracher des griffes sales du roi Burgonde sa bien-aimée, préférant lui trouver une remplaçante, mais l'apparition de sentiments proches de l'amour et de l'affection a totalement changé la donne, développant du même coup la valeur de la vie humaine à l'unité, quasi-nulle auparavant.

Après

C'est un florilège de n'importe quoi : les français essayent d'imiter les romains en prenant en otage le roi, représentant de Dieu sur terre, puis en désespoir de cause l'exécutent finalement devant l'absence de réponse en lui coupant la tête. Des écrits récemment retrouvés racontent que le bourreau, partant avec la tête de Louis XVI vers l'Est et le fossoyeur, partant avec le reste du corps vers l'Ouest, auraient conjointement lancé au Divin : Essaye de le ressusciter, çui là !

Les colons européens prennent en otage un demi-continent et s'autoproclament américains sur le cadavre des Indiens, puis un siècle plus tard se retrouvent eux-mêmes avec un couteau sous la gorge pointé par une "branche pourrie déviante" de leur peuplade qui menace de réquisitionner 1/8 du pays si les esclaves continuent à être traités en êtres-humains. Le bordel, quoi !

Jackpot du XXème

Ah d'accooord !

Au vu des guerres qui ont ravagées le monde durant cette période, il serait inutile d'espérer relater les entités visées et tous les enjeux qui en découlent.

En fait notable, on remarquera qu'un des génocides les plus ravageurs de tous les temps fut la conséquence d'une mauvaise compréhension du principe même de la prise d'otage, le IIIe Reich n'ayant pas réussi à assimiler le fait que si ni des menaces, ni des demandes ne sont adressées à des personnes auxquelles on désire soustraire par la force quelque chose, il y a très peu de chances pour qu'elles obtempèrent.

Dans la vie quotidienne

Faites toujours en sorte que vos actes soient guidés par cette agréable pensée.

A la maison

Connaître les goûts de son conjoint ou de ses enfants a deux avantages : le premier, c'est qu'ils penseront qu'au vu de vos connaissances les concernant, vous vous intéressez à eux (ce qui est faux, bien entendu, si vous faites attention aux détails de leur vie c'est vis à vis du deuxième avantage). Le deuxième, donc, est de savoir exactement quels sont leurs points sensibles, les différents moyens par lesquels vous pourrez faire chanter votre petite famille en la prenant par les sentiments.

Pour les gosses, axez votre énergie de kidnappeur sur la base doudous/jouets. En ce qui concerne votre femme... Vu tout le temps et la passion qu'elle vous consacre, vous ne vous sentiriez pas un peu mal de lui extirper des faveurs par le chantage, non mais ?

Au travail

Surveillez bien les collègues avec qui vous entrez en concurrence directe pour la place de 2ème sous-chef de bureau, et n'hésitez pas à soustraire quelques-uns de leurs biens sentimentaux dès qu'ils s'absentent. Je précise sentimentaux, car emprunter une gourmette en or peut vous mener en prison, alors qu'un vieux porte-clés de voiture pourri... D'autant que le collègue visé se ridiculisera en suppliant les types de la sécurité de l'aider à retrouver sa babiole qui n'a de valeur que pour lui, alors qui si c'est un bien qui a de la valeur, en plus de ne pas être ridicule, il sera l'impulsion d'une croisade qui vous sera personnellement dédiée.

Une fois l'objet en votre possession, laissez un mot écrit avec des coupures de journaux sur son bureau lui stipulant que s'il veut revoir son stylo préféré en bon état, il doit rédiger sa démission et l'avoir remise au boss avant midi.

A la mer

Prenez quand même garde, elles ont des dents solides ces petites bêtes.

Prendre en otage le maillot d'une personne qui se baigne est devenu monnaie courante sur les plages méditerranéennes, et se trouve être une activité très lucrative au vu des rançons phénoménales qui sont versées chaque année (l'équivalent du budget sur 10 ans de la Sécurité Sociale et de la caisse de retraire primaire réunies). Si vous n'avez pas assez d'argent pour vous payer une glace cet été, vous savez quoi faire !

Conseil de prudence pour votre santé : éviter les femmes de plus de 50 ans, les mecs baraqués, les enfants et les groupes. Ces derniers étant LES plus importants, il faut vous mettre dans la peau d'un orque qui attend patiemment qu'un petit pingouin sorte du troupeau avant de se jeter dessus et le bouffer, sinon ses copains la ramènent. Penser orque, c'est primordial, et ça vous aidera beaucoup dans votre vie de prédateur au quotidien : toujours isoler sa proie.

Oh ! Un mirage !

Dans les transports en commun

Une légende défaitiste raconte qu'il n'existe rien au monde qui puisse permettre au train de 8h52 d'arriver à 8h52, pour la simple raison qu'il y a trop de paramètres imprévisibles qui entrent en compte. Si vous êtes d'un naturel curieux, demandez-vous quelle réaction aurait un conducteur quelconque devant la menace d'assassinat d'un de ses collègues ?

Passé le réflexe de mise en grève primaire, il mettrait toute son énergie dans la réalisation de votre rêve le plus fou : que le train n'arrive ni trop avant, ni trop après, vous permettant ainsi de ne pas gaspiller une énergie inutile à courir derrière le métro de 8h53 (c'est dangereux, on vous l'a déjà dit mille fois à l'hôpital).

Manuel du débutant

Bien entendu, tout cela est secondaire et ne doit pas vous détourner de votre but premier.

Ce matin, votre décision est prise. Vous en avez plus qu’assez du mépris qu’exerce la majorité de la population sur votre chromosome en trop et sur la disparition annoncée du panda de mer canadien. En désespoir de cause, vous envisagez de prendre en otage des gens innocents pour réclamer une meilleure intégration du panda de mer dans la société actuelle, et la mise en zoo sous tutelle de la SPA de toutes les personnes dans votre genre.

C’est une idée comme une autre, je ne vous dissuaderai point à coups de ‘’Et la démocratie alors, vous qui êtes minoritaire ?’’, vous êtes grand et suffisamment intelligent pour assumer la portance de vos actes. Mais une prise d'otage, c'est un peu comme aller faire peser une lettre à la poste : ça ne s'improvise pas. Il faut partir avec du matériel, comme des anxiolytiques, un pique-nique, de la petite monnaie pour l'automate (seulement dans un bureau de poste), un livre ou du cyanure le cas échéant si la patience vous manquait... C'est tout une préparation. Préférez, même dans le cas d'une prise d'otage revendicative, une banque. Quitte à prendre des risques, autant qu'ils soient rétribués.

Matériel

  • Un souffre-douleur. C'est important, si les choses ne se passent pas comme prévu (et elles ne se passeront pas comme prévu, croyez-moi !), il est absolument nécessaire de déverser sa haine sur une tierce personne pour ne pas risquer de tuer un otage de rage. De plus, vous pourrez déversez toute la responsabilité de l'échec de l'opération sur ses épaules, voire l'accuser devant un tribunal d'avoir entrainé votre pauvre petit esprit influent dans une spirale de braquages sans que vous soyez consentant.
Tous à terre ! Les mains sur la tête, et on bouge pas ! Mmmmh. Peu crédible.


  • Un élément dissuasif (une arme, une bombe, un poing américain...) qui vous permettra de dompter le scepticisme à l'idée de se soumettre qui envahira les futurs otages dès qu'ils seront mis en face de votre anatomie peu effrayante. Vu que nous supposons que votre coup d'éclat se produira du côté de l'Atlantique où les armes ne sont pas en vente libre, un pistolet en plastique devrait faire l'affaire. L'important réside dans le fait que vous devez vous persuader que c'est un vrai, les otages n'en seront que plus convaincus.


  • Une cagoule ou un masque. C'est important si vous ne voulez pas être reconnu, imaginez que votre maman ou que votre propriétaire à qui vous devez deux mois de loyer soient dans la banque, vous auriez l'air bête ! Evitez tout ce qui se rapproche des masques Disney ou autres déguisements pour enfants, vous n'effrayerez personne. Les gens auront plus tendance à vous jeter des cacahuètes en chuchotant à leur timide gamin "Mais oui, c'est le vrai", tandis que les plus aventureux vous auront déjà sauté sur le dos. Mickey, même avec un flingue et une grosse voix, reste Mickey.
Non, ça ne finira pas comme ça.


  • Un plan d'évacuation. N'espérez pas qu'une fois vos revendications atteintes et les otages libérés, les forces de l'ordre vous laisseront partir en souriant bêtement après vous avoir serré la main et félicité pour votre courage. Non. Ils vous feront miroiter une peine minime, puis dès que vous sortirez de votre planque, n'importe quel prétexte (comme le fait de vous gratter l'oreille, par exemple) sera pris pour un signe d'agressivité entrainant une riposte armée qui vous sera fatale. Prévoyez à l'avance un plan des égouts, par exemple, ou de quoi creuser un tunnel. Vous avez de la main d'œuvre à disposition, profitez-en !


  • Un pyjama, une brosse à dents et un pot de crème de jour. Eh oui, vous vous engagez dans une situation qui peut rester bloquée pendant longtemps, autant ne pas oublier le nécessaire à un repos bien mérité. Et puis vous allez passer à la télé, et que dire du sniper qui vous aura dans son viseur haute définition ! Les cernes, ce n'est pas présentable.


  • Une télévision. Je viens de vous dire que vous allez passer au 20h, ce serait bête de ne pas en profiter.


  • Un pigeon voyageur, car tous les moyens de communications seront coupés. Il FAUT que vous gardiez un moyen sûr de transmette vos revendications insipides au plus de monde possible, sinon on risque de vite vous oublier, ou de ne rien comprendre à votre geste dans le cas où vous vous suicideriez.


  • (Facultatif) Un groupe électrogène. Ils ne vont pas se contenter de ne couper QUE le téléphone, hein !
Préférez-en un bien dodu, on ne sait jamais.


  • Un chat. C'est toujours rassurant dans ce genre de situations extrêmes, une présence féline qui ronronne tranquillement sur vos genoux. Et puis s'ils vous coupent les vivres, vous pourrez toujours le bouffer.


  • Des somnifères. Je ne vous cache pas qu'il y a un réel risque que vous dormiez mal malgré la présence du chat. De plus, dans l'hypothèse où le désespoir embrumerait votre esprit et que vous envisagiez subitement le suicide comme une échappatoire, vous pourrez toujours vider la boîte. C'est moins douloureux qu'une balle dans la tête.


  • Un mégaphone, car vous êtes un braqueur moderne, et ça vous gonfle que seule la police ait le monopole du mégaphone dans ce genre d'affaires. C'est également un moyen de

communiquer avec l'extérieur, dans l'hypothèse où le pigeon aurait comblé la petite sensation de faim qui vous subsistait après avoir gloutonnement mangé le chat.

Comment gérer un troupeau d'otages ?

Vous allez très vite le constater, l'otage est un animal très peu obéissant qui souffre d'une tendance maladive à vouloir s'évader ou se rebeller. Pour garder le contrôle, il vous faut les identifier. Il y en a plusieurs sortes :


Les neurasthéniques

Ceux-là sont sous le choc, ils ne comprennent rien et ne vous feront aucun mal. Gardez néanmoins à l'esprit que ces gens vous en veulent et ne sont pas forcément des crétins, certains peuvent lâchement faire semblant d'être abattus pour mieux vous planter un couteau dans le dos. Dans le doute, frappez-les.


Les excités

Généralement, c'est ceux que vous avez dérangés parce qu'ils avaient un rendez-vous hyper important pour le boulot. Leur haine est plus forte que leur peur, ils exigent que vous les libériez en premier parce que des responsabilités les attendent dehors et que l'excuse "j'ai été pris en otage" est assez peu crédible auprès d'un patron, au même titre que "j'ai raté l'ascenseur".

Ils parlent beaucoup, bougent beaucoup, tentent de fédérer les autres sur le sentiment de faiblesse et d'indécision qui émane de votre personne et renforce votre vulnérabilité malgré le pistolet en plastique vous tenez dans votre main. Il faut affirmer votre supériorité. Frappez-les, et balancez une phrase du genre "T'es le premier sur ma liste, coco" avec une voix qui fait bien peur, ça devrait calmer les autres prétendants à la rébellion.

Quel comédien !


Le diabétique qui n'a pas eu sa piqûre

N'oubliez pas qu'il joue peut-être la comédie, c'est assez facile de faire semblant de convulser en hurlant. Si vous avez en tête l'exécution d'un otage parce que votre pizza n'a pas été livrée à temps (où qu'ils ont oublié la sauce piquante) mais que vous ne vous sentez pas le cran d'étrangler quelqu'un avec un rideau (maudit pistolet en plastique), laissez le mourir et balancez son cadavre dehors quand ce sera fait.

Dans l'hypothèse où vous désirez le conserver, faites lui faire du sport intensif, ça diminuera sont taux de sucre aussi bien qu'une dose d'insuline.


Les petits malins

Ceux-là sont les plus vicieux. Ils parlent à voix basse, et un peu comme à l'école, dès que vous essayez de vous mêler de leur conversation ils répondent "Mais on fait rien, m'sieur", alors qu'en fait si : un plan d'évasion est en train de naître, c'est dangereux pour vous. Et puis ils sapent votre autorité, ça risque de faire des émules. Pointez votre arme factice sur le crâne de l'un d'eux et dites distinctement "Tu veux un tatouage sur le front, mon garçon ?".

Normalement, il répondra non (s'il répond oui, vous êtes foutu, à part appliquer le canon de votre pistolet sur sa tête après l'avoir imbibé d'encre, je vois mal comment vous pourriez lui faire un tatouage), dans ce cas vous pouvez considérer qu'il est dompté et conclure la conversation par une gifle humiliante.


L'ancien des forces spéciales

Cachez bien votre pistolet, s'il le remarque ça risque de vous être préjudiciable car il se rendra immédiatement compte qu'il est faux. Ne le frappez pas, ne le regardez pas dans les yeux, vouvoyez le, ne l'approchez pas trop, et faites en sorte de le libérer rapidement, même sans conditions, c'est la représentation de l'otage piégé qui va vous péter à la gueule.

C'est quoi le calibre de ta pétoire, p'tit gars ? Tu sais, malgré que je puisse te tuer à mains nues, je m'intéresse quand même aux moyens alternatifs. C'est important d'avoir l'esprit ouvert dans la vie. Tu n'es pas d'accord ? Mon sixième sens perçoit chez toi comme une sorte d'aura négative, arrête ça tout de suite sinon je sors ma main de ma poche. Voilà, c'est bien.


Le collègue que vous avez devancé

Il se déplace souvent en groupe. Ce sont les seuls civils qui avaient des armes de guerre quand vous avez demandé à votre souffre-douleur de les fouiller. Essayez de sympathiser avec eux et de décrypter leurs intentions, ils peuvent autant vous aider que vous nuire dans l'hypothèse d'une collaboration future.

Ils n'ont pas de réel intérêt à être libérés car ils sont généralement autant recherchés que vous par la police, vous pouvez donc les faire chanter sur ce point, les prendre doublement en otage. Menacez de les jeter en pâture aux forces de l'ordre s'ils ne vous aident pas, cela vous fera de la main d'œuvre gratuite et motivée. Mais restez sur vos gardes.

Si vraiment vous n'arrivez pas à réunir le courage nécéssaire, balancez l'otage la tête la première dans la fenêtre. S'il se tue, quelque part, ce ne sera pas de votre faute !


Les types qui ne veulent pas mourir

Attention, ce n'est pas parce que les autres restent silencieux le regard dans le vide qu'ils ne le pensent pas. Mais le mec qui le répète en se balançant nerveusement est en train de voir sa vie défiler, il est persuadé de ne pas s'en sortir, bref, il souffre moralement.

Comme votre revendication n°78 porte sur l'euthanasie, faites le geste le plus humain dans ce genre de situation : mettez fin à son calvaire via un des bris de verre tombés par terre lors de l'explosion de la fenêtre. Visez la carotide, le flot de sang impressionnera les candidats à la mutinerie. Quitte à lui rendre service en le tuant, autant que ça serve.


Les femmes qui accouchent

Assez rare, elles n'en demeurent pas moins compliquées à gérer. D'un côté, ça vous fait un otage en plus, ce n'est pas négligeable, mais vous risquez de perdre le peu de capital sympathie que l'opinion publique ressent à votre égard, et ce capital est la seule chose qui peut vous faire gagner du temps au niveau de l'assaut imminent. Essayez de négocier, en libérant uniquement un des deux (de préférence le bébé, je vous vois mal allaiter un de vos otages).


Comment négocier un hélicoptère avec les forces de l'ordre par téléphone ?

Certes, les lignes téléphoniques sont coupées et le réseau brouillé, en revanche, le vieux combiné qui traîne toujours sur le comptoir est en train de sonner. Eh oui, c'est pour vous ! Restez calme, et ne perdez jamais de vue votre objectif : en l'occurrence, vous demandez un hélicoptère pour pouvoir vous enfuir, car vous venez de réaliser que les égouts sont inaccessibles, et que le tunnel que vous creusez depuis 3 ans débouche au mauvais endroit. Essayez d'avoir une voix hautaine et un timbre grave, et ne coupez pas la parole au type qui vous appelle. C'est généralement le genre susceptible. Mais avant de décrocher, mettez-vous en conditions.

Ce que vous pensez.
Ce qu'il va penser que vous pensez si vous ne changez rien.
Ce que vous devez lui faire croire que vous pensez pour espérer continuer l'aventure.


— Bonjour, pourrais-je parler au chef de la bande s'il vous plaît ? Je suis Gaëtan, le négociateur.
— J'ai le plaisir d'être celui-là, enchanté, moi c'est (mais ne lui donnez pas votre nom, crétin ! Trouvez en un autre !) Victor. J'aimerais avoir...
— Victor ! Il faut arrêter, ça prend des proportions gigantesques, il y a des vies en jeu, des vies humaine, vous m'entendez ! Libérez les otages, sortez les mains en l'air, il ne vous sera fait aucun mal. Les chiens ont déjà mangé.
— Excusez-moi d'interrompre votre monologue, mais je désirerais qu'un hélicoptère me soit livré prochainement pour me permettre de m'évader, sinon j'exécute un otage par minute
— Vous bluffez. Je ne vous crois pas, vous êtes bien trop gentil, une vraie mère Teresa. On va entrer, d'accord ? Tant que vous ne tirerez pas, on ne tirera pas. Tout se passera bien


Là, vous devez exécuter quelqu'un pour affirmer votre détermination, pour les critères de sélection et les techniques diverses, référez-vous aux paragraphes suivants.


— Mais vous êtes dingue, le pauvre ! Il est mort, vous m'entendez ? Moooort ! Ah que vous allez me le payer, vous allez le payer à la société, pendant très longtemps ! Espèce de taré, va ! Et tu veux que je te donne un hélicoptère, non mais sans blague ?? Et puis de toute façon, j'ai fait le calcul, avec tous les otages que t'as, tu peux pas tenir plus d'un quart-d'heure. C'est moins qu'il n'en faut pour qu'on vienne te chercher.
— Je veux un hélicoptère, point. Je ne demande rien d'autre, alors grouillez-vous, j'ai un rendez-vous chez le dentiste (Pourtant j'avais bien spécifié dans la liste "brosse à dents". Ah, ces jeunes...).
— Ben tiens, il manquerait plus que ça ! T'as rendez-vous avec une balle de 22mm si tu continues à tenir de tels propos, oui ! Rends-toi et je te jure qu'on te tirera dans la tête en premier ! La prison, c'est fini, t'as perdu ce joker, mes gars je les tiens plus, ils ont soif de sang tu m'entends ?!! Soif de ton sang ! Coopères et ta mort n'en sera que plus douce.


Comme la minute est écoulée, balancez un deuxième cadavre par la porte. Normalement, au bout de 5, vous aurez une nouvelle personne au bout du fil.


— Bonjour Victor, je m'appelle Friedrich, je suis le nouveau négociateur, Gaëtan a été mis à pied. Alors comme ça vous voulez un hélicoptère ? Tututu, vous savez que c'est imprudent de voler, les moyens de transport aériens sont assez meurtriers, on le vit au quotidien dans les journaux télévisés. Vous regardez la télévision, Victor ?
— Oui, ça m'arrive, mais je vois pas le rapport. J'ai demandé un hélicoptère, je veux un...Oh, excusez-moi, ma montre vient de sonner


C'est bien, vous avez compris le concept, mais évitez de trop respecter vos menaces à la lettre, quand je dis "toutes les minutes", c'est une notion de temps approximative. Et puis regardez votre réserve, ça commence à diminuer dangereusement.


Malgré le côté seyant de l'uniforme, la police britannique n'a pas donné suite aux patrouilles-concept mises en place pour lutter contre la délinquance féminine. On se demande tous pourquoi.


— ...Donc, je...Qu'est-ce que je disais, déjà ?
— Vous évoquiez l'idée de vous rendre, je crois.
— Ah Ah, bien essayé ! Non, je veux toujours mon hélicoptère. Vous savez ce dont je suis capable. Dépêchez-vous, je m'impatiente.
— D'accord, d'accord, vous allez l'avoir. Mais libérez deux otages en signe de bonne volonté. C'est convenable ?
— Un maintenant, un quand l'hélico sera sur le toit. Et je veux vous voir les accueillir en tutu.
— De quoi ?
— Vous avez bien entendu, en tutu. Je veux que tous les flics soient en tutu, sinon je ne bougerai pas.
— Euuuuuh... Je vais voir ce que je peux faire, mais ça risque de pas passer. Autrement, vous avez des passe-temps dans la vie ?
— Dites, vous seriez pas en train de détourner la conversation ? De me distraire ? Vous préparez l'assaut ?
— L'assaut ? Euuuh, non non, pas du tout... On... On prend nos tailles, pour aller acheter les tutus ! Voilà, c'est ça, on prend nos...


Mais qu'est-ce ? Vous entendez au bout du fil que l'on se débat autour du téléphone, la petite voix fluette laisse la place à Gaëtan, qui vous hurle :


— Ecoute moi bien, connard : les tutus, jamais, JAMAIS, plutôt te voir buter les otages un par un avec un mouchoir plutôt que mettre la police française en tutu, tu m'entends ?! C'est pas un dégénéré comme toi qui va...


Dis donc, les minutes passent vite.


— Excusez-nous, Victor. Il a été maitrisé, on l'a tasé bien comme il faut, il ne vous embêtera plus. Avez-vous des passe-temps, donc ?
— J'aime la pêche. Bon, il en est où cet hélico ?
— Il arrive, il arrive. Mais parlez moi de vous, d'où vous vient ce désir d'orientation, dites-moi ? C'est un désir profond, une contrainte de la vie ?
— Je suis en train de croire que vous vous moquez de moi. Dans le doute, je tire. J'ai votre tête dans mon viseur. Et ma patience est à bout.
— Comment c'est possible ? Je suis à l'intérieur d'un camion blindé. Non, vous bluffez, j'en suis sûr.
— Libre à vous de le croire. Trois, deux...
— Stop, stop, pas moi, pas ma viiiie ! Vous l'aurez votre, hélico, il décolle de suite, pitié !


Belle performance, je vois que l'élève a dépassé le maître (qui au demeurant n'a jamais pratiqué, je le précise au cas où des agents de la DCRI seraient malencontreusement tombés sur cette page).

Sur quelles bases fonder une liste d'exécutions ?

Les policiers ne sont pas coopératifs, le négociateur vous enfume ? Soit ! Vous allez leur prouver que le mot "bluff" ne fait pas partie de votre vocabulaire, au même titre que "réflexion" et "écrire", en tuant sous l'œil des caméras un otage. Il vous faut choisir parmi les personnes ligotées aux sièges de la salle d'attente, mais un problème se pose : ils sont tous aussi trognons les uns que les autres. Et vis à vis de l'extérieur, vous recherchez à affirmer votre autorité sans pour autant passer pour un boucher sanguinaire, ce sera donc propre et bref, sur la personne la plus méprisable possible.

Allez, on y met du coeur et de l'énergie !

Commencez par demander aux forces de l'ordre de vous transmettre tous les casiers judicaires de vos otages, pour faire un choix en connaissance de cause. Dans le cas où vous n'auriez pas de violeur ou d'assassin (ce qui est assez probable) à vous mettre sous la dent, il va falloir envisager un autre critère de sélection.

Si vous êtes un darwiniste, choisissez celui ou celle dont la tête vous revient le moins (les journalistes télévisuels étant très portés sur le physique, ils se pourraient même qu’ils présentent le fait comme ceci "Un preneur d'otage empathique écourte la torture visuelle qu'imposait un moche à l'humanité"). Si vous avez un semblant de morale, choisissez la personne la plus âgée, ou la plus malade, comme ça, ça réduira les risques qu'elle vous claque entre les mains.

Si vous êtes joueur de loto sadique, tirez au sort ! Notez au marqueur noir un chiffre sur chaque front et faites jouer le hasard, de préférence sous leurs yeux effrayés, en insistant sur le suspense !

Si vous aimez la compétition, dessinez deux lignes parallèles sur le sol à distance raisonnable, placez tous vos otages ligotés derrière l'une d'entre elles, et donnez le top départ. Le dernier arrivé gagne le droit d'être libéré, mais perd aussi celui de vivre !

Comment exécuter proprement un otage avec un pistolet en plastique ?

Impossible, me direz-vous. Taratata, vous répondrai-je ! Car si vous êtes désarmé, les autres en face ne le sont pas. Il suffit de les inciter à faire le sale boulot à votre place, en faisant passer l'otage pour un braqueur menaçant, avec des objets que vous pouvez vous procurer sur place. En premier lieu, réunissez-les. Il vous faut donc un bas, du scotch, un minuteur de cocotte-minute, de vieux papiers et de la super-glue.

Pour la victime, choisissez de préférence une personne en couple dont la moitié est présente dans votre groupe d'otages, vous pourrez ainsi la forcer à faire ce que vous voudrez sous la menace.

Faites quand même en sorte de percer le canon de votre arme, sinon la supercherie risque d'être découverte.

Bourrez la bouche de la future victime de papier, puis fermez le tout avec le scotch, ainsi cela lui évitera d'être audible s'il lui venait à l'esprit d'appeler au secours. En parallèle, déchirez le bas que vous aurez prélevé sur la jambe d'une otage quelconque et enfilez-le de telle manière qu'on ne voit pas trop le bâillon. De là, toujours avec le scotch, fixez une autre boule de papier sur le torse de votre victime sur laquelle vous disposerez le minuteur de cocotte-minute de telle manière qu'on puisse distinctement voir les chiffres défiler.

Pour finir, collez votre pistolet en plastique à la main de l'otage avec la super-glue, de façon à ce qu'il ne puisse le lâcher.

Dès à présent, après avoir réglé le minuteur sur 50 secondes, forcez votre paquet cadeau à sortir de la banque, sans faire demi-tour sinon vous mettez vos menaces sur la personne chère à exécution. Grace au paradoxe de la bombe avec minuteur, les forces de l'ordre vont faire le sale boulot à votre place !

Mais c'est quoi cette histoire de paradoxe de la bombe avec minuteur ?

La précision des armes actuelles permettrait à un tireur posté sur une colline à Tombouctou de vous abattre alors que vous sortez d'une banque parisienne. Heureusement que la Terre est ronde !

C'est un concept philosophique simple ! Les forces spéciales, face à une personne portant une bombe à déclenchement manuel, ont tendance à ne pas tirer car généralement, l'explosif est relié par un mécanisme complexe à un appareil qui enregistre le rythme cardiaque du terroriste, déclenchant l'explosion dans l'hypothèse où le cœur s'arrêterait. S'ensuit une période pénible de négociations, qui se solde généralement par la mort du terroriste de manières différentes selon les situations. Mais ce n'est pas votre cas !

Les snipers des forces spéciales, surentrainés, fonctionnent de manière binaire : Je peux/Je peux pas. On passe de l'un à l'autre généralement par l'intermédiaire de l'ordre d'un supérieur, un "Je peux pas sauf si on m'en donne l'ordre" se transforme en "Je peux", et inversement.

Si le (ou "la", ne soyons pas sexistes !) sniper voit défiler une bombe à déclenchement manuel dans son champ d'intervention, une réaction négative, après analyse, se déclenchera, opposable à la seule injonction d'un supérieur. On entre dans le cadre du "Je peux pas", le soldat attendant le "sauf si" pour faire feu. Cela lui demande un effort de réflexion, c'est une "phase d'attente".

Si la (ou "le", ne soyons pas utopistes !) sniper voit défiler une bombe à déclenchement automatique dans son champ d'intervention, avec un gros minuteur, il entrera mécaniquement dans une phase interventionniste, et si un "sauf si" ne s'oppose pas très rapidement, il fera instinctivement feu, malgré le fait que tuer le terroriste ne change absolument rien à la situation, et qu'en plus il serait mort de toute façon dans la déflagration quelques secondes plus tard. C'est dans cette phase que l'on retrouve le plus de "couacs".

Application pratique

Maintenant que vous avez ce merveilleux guide entre les mains, il vous est tout à fait possible d'envisager l'idée de faire une petite prise d'otage entre midi et deux ! Toutes les ficelles sont à vos pieds, il ne vous reste qu'à les démêler pour n'en tirer que l'essentiel.

Sachez, avant de vous lancer dans cette fantastique aventure de vie que vos petits-enfants vous envieront forcément quand vous leur raconterez les jours de parloir, qu'il faut respecter une certaine chronologie dans l'application des étapes. Voici donc une petite liste des erreurs courantes à ne pas faire :

MMMHH, elle était très bonne cette quiche aux carottes. Ravi que vous l'ayez appréciée, ils vous en serviront tous les dimanches en prison


  • Exécuter tous les otages. Un otage, c'est comme un joker. Moins on en a, et plus la situation est tendue.


  • Sympathiser avec la fille à qui on a arraché les bas pour des besoins pratiques. Vous la séquestrez. Vous la ligotez. Vous la terrorisez. Vous l'humiliez. Vous lui faites un tatouage sur le front. Vous lui arrachez l'équivalent de son pantalon. Sans rire, vous croyez encore avoir une chance ?


  • Fermer les yeux. Dites vous bien qu'en face, ils n'attendent qu'un microscopique signe de faiblesse pour intervenir, ils vous guettent avidement, le chef d'équipe a le doigt constamment enfoncé sur le bouton de son talkie-walkie pour hurler "Feu !" au cas où une manifestation quelconque de distraction apparaîtrait sur votre visage.


  • Manger la nourriture que le négociateur vient de vous apporter. Quoiiii ??? C'est déjà fait ?? Mais courez, allez-vous faire vomir mon vieux, sinon vous risquez de vous réveiller dans un endroit peu sympathique !


  • Ne pas répondre au téléphone. Déjà, c'est impoli, ensuite, si vous ne donnez pas signe de vie, ils en déduiront que vous boudez, et ce n'est pas pour jouer en votre faveur.


  • Se rendre. Vous croyez franchement que les 2 ans avec sursis qu'ils vous ont vendu sont plausibles ? Et la pension à vie pour votre fille handicapée, vous pensez réellement que c'est faisable, à l'heure où tout est en faillite ? Non, donc restez jusqu'au bout.

Cerise sans gâteau

Au final, vous venez de découvrir un formidable moyen d'expression qui a traversé les âges. Si vous souffrez d'une trop grande timidité, et que la technique de guérison du bègue dite du "Mais si tu ne peux pas le dire, chante-le !" ne marche pas, libre à vous d'essayer celle que nous venons de nous essouffler à vous exposer.


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