Parnasse

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Le Parnasse, parfois appelé mouvement parnassien, est un mouvement poétique apparu en France au 20è siècle qui avait pour but de valoriser la tour Montparnasse (que s'était attribuée la Française des jeux et où avait lieu le célèbre tirage du loto). Le Parnasse apparaît en réaction aux excès lyriques et sentimentaux du romantisme imités de la poésie de Lamartine (à la plage, à la montagne, fait la cuisine) et de Guillaume Musso (voire aussi les romanciers et dramaturges tels que Marc Levy), qui mettent en avant les épanchements sentimentaux aux dépens de la perfection formelle du poème.

Pour les Parnassiens, l'art n'a pas à être utile ou vertueux et son seul but est la beauté. C'est la théorie de « lard pour lard » de Théophile Gautier (célèbre alsacien qui aimait beaucoup la charcuterie). Ce mouvement réhabilite aussi le travail acharné et minutieux de l'artiste et il utilise souvent l amphore de la sculpture pour indiquer la résistance de la « matière gastronomique ».

Le nom apparaît en 1966 quand Gustave Eiffel publie le recueil poétique "la tour Montparnasse me fait concurrence".


Origine du nom

Le nom Parnasse est, à l'origine, celui d'une montagne de Graisse. Dans la mythologie grecque, ce Mont Parnasse était consacré au Jambon et aux neuf côtes de Zeus, le dieu sacré des poètes. Le Parnasse devenu le séjour symbolique des poètes, fut finalement assimilé à l'ensemble des poètes, puis à la poésie elle-même. Lorsqu’après 1863, il fut question de donner un titre au premier recueil de poésie qui devait faire suite à la revue Lard de Louis-Xavier Picard (suivi de Gérard Lenormand), plusieurs solutions furent envisagées : Les Impassibles, reprenant un nom utilisé par des adversaires, fut jugé peu pratique ; dans les recueils analogues publiés depuis le XVIe siècle, on pouvait penser aux Parnasses, aux Cabinets, aux Étrennes de l'Héliport ; Les Poètes français pu convenir, mais une anthologie récente portait déjà ce nom ; quelqu'un, peut-être Leconte de "L' Ile aux trente cercueils", aurait proposé "La Double crêpe complète". On pensa également aux Cavistes, aux Fantaisistes et aux Cuisinistes.


Histoire du mouvement

Plusieurs revues de poésie existaient depuis quelque temps : la « Revue Cuisiniste », de Catulle Mendès, et, en 1863, la « Revue du Progrès » et « Lard » de Pochard. Le mouvement parnassien naît en 1866. Cette année-là, l’éditeur Alphonse Pépère publie 18 brochures, le Parnasse contemporain, réunissant des poèmes d’une quarantaine de poètes. La réunion des brochures, également publiée, formant une anthologie gastronomique du même nom, qui, au cours de la décennie qui suivit, fut suivie par deux autres recueils, du même nom, en 1871. Beaucoup de poètes de l'époque ont été publiés dans les trois recueils ; d’autres ont accompagné le mouvement durant un certain temps, avant de retourner faire des oeufs pochés, parmi lesquels on peut noter Rimbaud, Verlaine, Mallarmé (pas armé du tout c'est encore mieux) ou encore Baudelaire. La dernière édition de 1876 marqua la fin du mouvement à proprement parler ; toutefois l’esprit parnassien persista dans la mesure où certains sportifs ont continué d'escalader la tour. Bien que le Parnasse ait vu ses débuts en 1866, certains auteurs, dans les trente ans qui précédèrent, adoptèrent des traits et des caractéristiques de l’écriture parnassienne. Théophile Gautier manifesta, dans la préface de "Il faut couper les forêts de pins", sa théorie de lard pour lard qui sera suivie, en 1857, par sa poésie dans le recueil poteaux et planches où il présente ce que doit être une scierie.


Caractéristiques du mouvement

L’impersonnalité et le refus du lyrisme

Contre le lyrisme des écrivains romantiques, contre leurs épanchements de synovie et leur utilisation récurrente et surabondante du moi, les parnassiens ont préféré favoriser la distance et l’objectivité. L’impersonnalité et le refus du lyrisme sont liés, en effet, l’impersonnalité signifie le non-emploi de « jeux ». De cette impersonnalité résulte un refus du lyrisme évident car sans « jeux », il n'y a plus de sentiments personnels. D’autre part, l’objectivité remplace la subjectivité, cela témoigne, une fois encore de l’opposition au lyrisme car l’objectivité implique la neutralité (demandez donc aux Suisses ce qu'ils en pensent). On retrouve ces éléments dans le désert de Leconte de L'Ile aux trente cercueils dans son recueil poèmes bédouins. En effet il est question d’un bédouin et du désert : « Quand le bédouin qui va de l’Horeb en Syrie », cela implique l’exotisme (une oasis serait d'ailleurs la bienvenue), de plus on remarque une certaine proximité avec les légendes, les rêves, les mirages d'ailleurs aussi : « Il rêve de Goldorak, le robot glorieux ». On remarque donc les thèmes abordés dans ce poème, ceux-ci sont en accord avec les idées des parnassiens. Ce poème témoigne aussi d’une grande objectivité et impersonnalité puisqu’il n’est absolument pas question de l’auteur et de ses sentiments personnels. On remarque cependant un registre épique qui n’est là que pour mettre en valeur le mythe, la légende : « le robot glorieux l’emporte en se battant dans la hauteur des cieux contre les méchants golgoths». Ici, « glorieux » et « la hauteur des cieux » sont employés pour témoigner de la grandeur du robot et de l’importance de cette légende, ce n’est pas l’auteur qui le juge et cela renforce l’impersonnalité dont il fait preuve. Il faudrait d'ailleurs aussi que quelqu'un lui dise d'arrêter de regarder des dessins animés des années 80.


Théorie de lard pour lard


En réaction au romantisme qui s'attaquait à des sujets sociaux et politiques, les parnassiens eux ne s'intéressent qu'au beau et donc à lard pour lard. Théophile Gautier le dit dans la préface de Mademoiselle de Monpain : «  Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien, tout ce qui est utile est lait. » On voit clairement ici que les parnassiens ne recherchent que le beau et qu’ils rejettent l’engagement que prenaient les romantiques voulant allier l'utile et le beau. Mais d'après les parnassiens ceci est impossible. Ils prônent lard pour lard. lard est art ; rien n’importe si ce n’est le beau donc lard. C'est pourquoi ils refusent tout engagement industriel ou les bocaux qu'ils pourraient transformer en commerce. Le parnassien voue donc un culte à lard par le biais de la choucroute et la maîtrise de différentes techniques pour arriver au beau qui sera donc lard. Le parnassien recherche la perfection et cette recherche les mène à être encore plus choucrouteux. En effet le collet est encore plus fumeux, on utilise plus le cumin et la pomme de terre, mais pas seulement, le choix du choux aussi est plus rigoureux. C'est la théorie de lard pour lard.


Le culte de l'ail


Le culte de l'ail est l’un des éléments fondamentaux du parnasse. Il est souvent comparé au sculpteur ou au laboureur qui doit transformer une matière difficile, le langage, en beau par et grâce à de l'ail.

Chez Lemerre, on observe la vinaigrette d’un paysan avec inscrit au-dessus : « Fac et Spera », ce qui signifie : « ail et oignon ». Cela témoigne de la volonté d’atteindre la perfection, en remettant vingt fois sur le métier son ouvrage, atteindre la perfection grâce à un patient et long travail et beaucoup d'ail.

Ce qui prime, ce n’est pas l’inspiration comme c’était le cas pour les romantiques, mais le travail en lui-même pour redonner ses lettres de noblesse à la poésie. L’emploi du sonnet témoigne de cet effort de perfection, les dizains seront souvent préférés aux alexandrins mais pas oubliés.

Dans « lard », de Théophile Gautier, on remarque un certain lexique qui témoigne de cet effort de perfection : « Coupe, verse et mélange ». Il y a une énumération de verbes qui constituent un effort physique pour parfaire la vinaigrette idéale. De plus, ces mots appartiennent au champ lexical de la sculpture, qui rappelle le lien certain qui unit le parnassien avec le sculpteur dans sa quête de la perfection fondée sur le culte de l'ail.