Usain Bolt Thrower

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A la fin des années 1970, le hard-rock connaît une popularité sans précédent grâce au talent de musiciens ayant inventé de nouveaux courants alternatifs, tels les groupes Black Sabbath, pour le black metal, Death, pour le death metal ou encore Symphony X pour le symphonic metal.

Influencé par cette scène anglo-saxonne, la formation jamaïcaine Usain Bolt Thrower aura été la seule et unique expérience de métal rasta de l’histoire de la musique extrême (à l’exception évidente du groupe Metallica).

No woman no class

Jeunes Jamaïcains traditionnels

En juillet 1979, le jeune Usain Bolt est un adolescent de dix-sept ans comparable à la plupart des jeunes Jamaïcains : il passe ses journées à fumer des joints, boire du rhum, jouer du couteau et tabasser dans la rue des individus désignés par la rumeur comme étant pédérastes. Rien ne prédestine ce futur leader de la scène métal à émerger de la masse des chômeurs rastafaris, si ce n’est une ouverture d’esprit exceptionnelle pour un toxicomane misogyne.

En effet, contrairement à la plupart de ses amis qui écoutent en boucle les succès de Bob Marley, Peter Tosh ou encore Toots and the Maytals, le jeune Usain préfère les mélodies agressives des Rolling Stones et des Stooges. A tel point qu’il est finalement mis à l’écart par sa propre bande de potes rastas, lesquels abhorrent le hard rock, qui est à leurs yeux une « musique de Blancs » donc une musique forcément homosexuelle, ou alors hétérosexuelle mais monogame.

Usain Bolt refuse la dictature du reggae en arrêtant de fréquenter ses amis intolérants. NON ! Le métal n’est pas une musique homosexuelle ! Il décide de renverser les préjugés et combattre l’obscurantisme en apprenant à jouer de la guitare grâce à la méthode Joe Satriani pour les Nuls. Enfermé chez lui, il se passe en boucle les morceaux des groupes de métal les plus violents, de Judas Priest à Taxi Girl en passant par Alice Cooper, et tente de les reproduire en s’accompagnant d’une boîte à rythme fabriquée à base de noix de coco, de capsules de bouteilles de rhum et d’un vieux moteur de tracteur.

Encouragé par ses tentatives, Usain passe une petite annonce dans le journal de Kingston, le Rocksteady News :

Jeune musicien enthousiaste recherche partenaires hétérosexuels pour fonder le meilleur groupe de métal de tous les temps, si possible batteur, bassiste et guitariste soliste. Uniquement si vous êtes motivés ! Femmes s’abstenir.

C’est un succès mitigé. Quelques personnes se présentent, et Usain sélectionne les musiciens de la première formation, mais il n’est pas satisfait par les prestations de ses partenaires : Joe Muffin, le guitariste soliste, souffre de calvitie anticipée, ce qui est un signe d’homosexualité, tandis que Bruce Riddimson, le bassiste, porte une chemise rose, ce qui est l’apanage des femmes. Seul Jack Rubbadub, le batteur, sauve l’honneur : il porte un jean serré pour montrer qu’il a une grosse bite d’homme viril, de plus, il a des poils qui sortent des trous de nez comme les vrais mâles. C’est suffisant pour choisir le nom du groupe, Nocturnal Rapists, un hommage aux vrais mâles dominants de la Jamaïque.

Could you be hated

En 1980, le groupe monté par Usain Bolt et ses trois comparses ne trouve aucun succès parmi les jeunes Jamaïcains qui se hasardent à venir les écouter dans les rares bars de Kingston où ils sont autorisés à jouer. De plus, au fur et à mesure de leur déconfiture, les rares établissements qui acceptent de laisser se produire les Nocturnal Rapists sont les boîtes homosexuelles de la banlieue de Kingston. Régulièrement incendiées, elles ne permettent même pas au groupe de se faire une réputation dans le milieu gay.

Désoeuvré, Usain écrit alors une chanson qui deviendra culte, un véritable hymne à la violence et au metal qui aura un inattendu succès, la célèbre chanson Metalman Vibrations :


Leave if you want to cry

(metalman vibration, oh yeah! negative!) Death’s what we got to give ! (hate vibration yeah! negative) Got to be a child murderer ! (psychopath mission, yeah! Heil Satan !) Wo-wo-ooh! (negative vibration, yeah! negative!)

Il enregistre la chanson sur une cassette qu’il envoie au producteur anglais James Guthrie, lequel contacte immédiatement le groupe jamaïcain : leur chanson est nulle et il ne veut plus jamais entendre parler d’eux.

En revanche, le producteur jamaïcain Bob Baydow leur signe un contrat sur le nouveau label qu’il vient de créer, Death Island, à condition de changer de nom parce que le viol est un créneau trop porteur et trop commercial pour faire crédible. Sans se casser la tête, les Nocturnal Rapists prennent le nom de leur leader, comme le firent avant eux Ozzy Osbourne, Alice Cooper ou encore Joe Dassin, en ajoutant Thrower pour faire thrash.

Pour vendre des disques, Baydow suggère à ses nouveaux poulains de quitter la Jamaïque, trop intolérante, pour se rendre au Mexique, là où les gens ont plus d’ouverture musicale. Le groupe Usain Bolt Thrower débarque à Tijuana où il connaît un immédiat succès scénique. Après une magistrale tournée, les musiciens se réunissent dans une casa à Pobrecida, en banlieue de Pajero, pour faire le point sur leur style.

Buffalo Soldier of Death

Un album aux sonorités très violentes

Usain Bolt Thrower s’installe donc au Mexique le temps d’enregistrer un premier album, Heterosexual Satanic Tendancies, qui sera un succès commercial (260 000 ex. vendus en 1981) et permettra de lancer le label de Baydow.

Les concerts s’enchaînent en Amérique du Sud, qui est décidément la contrée du hard rock, puisque les premières parties s’enchaînent : l’été 81 verra Usain Bolt jouer aux côtés de sommités tels Gordos Pendejos de Los Death, Pinocheros of the Dark Side, Evil Satan from Caracas, Die Jesus Die Hijo de Puta de su Madre ou enfin Night Zombies of Buenos Aires.

Encouragés par les ventes, les musiciens s’installent dans la paisible ville de Medellin en Argentine pour composer un deuxième album. Pour cela, ils décident de faire comme les plus grands groupes de hard rock et de sniffer de la cocaïne pour trouver l’inspiration.

Hélas, à leur premier achat de drogue, les membres d’Usain Bolt Thrower se font refiler de la craie coupée à la chaux et à la mort-aux-rats, et meurent tous dans d’interminables souffrances.

Le succès

De retour en Jamaïque, les cercueils des membres d’Usain Bolt Thrower suscitent la curiosité, voire la fascination. La cocaïne étant une drogue virile, les quatre musiciens sont considérés désormais comme des héros, et leur musique plébiscitée par les jeunes qui désormais savent que le métal n’est pas qu’une musique gay.

Heterosexual Satanic Tendancies reste sur la liste des dix albums les plus enregistrés sur cassette audio au cours de l’année 82 en Jamaïque (en dixième position derrière neuf disques de Bob Marley contenant les mêmes chansons).

Mais en septembre 1983, la folle ascension d’Usain Bolt Thrower s’arrête définitivement après la découverte de cette photo du batteur et du chanteur prise une semaine avant leur mort.

Usain Bolt reçoit un gros bisou de son batteur Jack Rubbadub : les préjugés sur le hard-rock se confirment.


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