Sur la route

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Avec Sur la route, un livre publié en 1995, Jack Kerouac, figure emblématique de la Beat Generation, produit un point de vue saisissant, de l'intérieur, sur la vie des groupes marginaux de la scène métal : le management, les excès du sexe et de la drogue, la lutte pour la survie dans une industrie snob et opportuniste. En exclusivité, et sans l'autorisation expresse des propriétaires du copyright, sencyclopédie retranscrit pour ses lecteurs l'entièreté du chapitre consacré à un petit groupe de la scène alors larvale du brain metal, une forme sonique fusionnant les influences jazz et techno-progressives au death metal floridien.

Blog de Kelly Schaefer du groupe Atheist

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Le 21 novembre 1992, vers 5h du matin, sur la chaussée d'une petite bourgade roumano-valachienne insignifiante... Les yeux pochés, le ventre creux et cotonneux, la nuit blanche passée au bunker genre Armée du Salut, je sens au ralenti l'air avachi, chat-gris et mort. Direction Bucarest, centre nerveux du festival Metal Festilence à l'affiche pour le moins hétéroclite. Une confusion des organisateurs avait causé le dispatching aléatoire des musiciens, et je me suis retrouvé flanqué d'un line-up d'asile zoologique...

On est tous là, debout, pour un voyage en car d'au moins 3 heures, à l'exception de Barney, qui doit sans doute être en train de surpasser son lendemain d'übercuite quotidienne. Pour faire des économies, c'est le promoteur qui devait nous conduire au centre-ville où Atheist doit jouer presque les derniers à 20h, mais il tarde depuis une bonne heure là.

Ça me fascine toujours de voir des mecs comme Lemmy et Ozzy, de purs vétérans, légendes incontestées du circuit underground, se farcir encore ces manifestations de seconde zone.

Tous mes gars à Atheist et moi-même attendons la livraison de nos instruments et effets personnels par avion, à la dernière minute au mieux. Je téléphone à ma petite amie. J'ai un sac à main français pour elle. Et j'en profite pour prendre des nouvelles de ma mère, victime de septicémie suite à une transplantation d'urgence d'un coeur souillé.

Un taxi se pointe. Barney. Et toujours pas de trou du cul de promoteur.

Barney : Eh les mecs, c'est moi ! Oh cinq doigts ! <agite sa main devant lui, incrédule>
Steve : Pas de trace du promoteur ?
Bruce : Eh mec, si ça se passe pas comme prévu, je quitte Iron Maiden sur le champ... C'est pas dans mon contrat de glander sur du béton armé d'une migraine carabinée, alors ou ça fluide ou je tire ma révérence. Je vais en parler à mon manager tiens.
Dave :  :)
Barney : Il a un empêchement qu'il a dit... Il a dit qu'il crousait des sage-femmes norvégiennes... Pis il m'a dit de pas vous dire que je le remplace au volant vue mon expérience sur cette pourrie Terre sans âme... Ouais, il paraît que la tyrannie syndicaliste c'est pour bientôt, l'homogénéisation des structures socio-esclavigistes, corruption de l'harmonie vocale au thé vert, et...
Votre humble narrateur (VHN) : Quoi, il s'excuse de son job parce qu'il doit crouser ??
Barney : Ah merde comment tu sais ça ?... J'étais pas censé le dire ça ! Et tu savais qu'il m'a dit que c'est moi que je le remplace au volant ??
VHN : Euh....
Barney : Y'a aussi un autre truc Kelly, c'est que ton show a été avancé à 17h juste après Saxon, parce que...
VHN : Parce que quoi....?? Et on attend toujours que le matos nous revienne d'Allemagne !!
Barney : ... ils ont plus la lumière... Et comme le soleil couche vite, ben on verra que dalle après 19h.
Dave :  :)

A l'heure d'embarquer, quand Steve s'est enfiché dans l'entrée du mini-bus avec sa grosse caisse dans le dos, j'ai pris les devants :

VHN : Euh Steve, à tout hasard, tu peux pas laisser ça dans la soute à bagages ? C'est fait pour, tu sais.
Steve Flynn : Tu crois que je peux m'y caler ?
VHN : Non c'est pas ça...
Steve Flynn : Alors laisse-moi s'il-te-plait. Ma mère m'a fait promettre de jamais m'en séparer. Elle a aussi dit qu'on commence une fois et on peut plus s'arrêter.
VHN : Faut pas prendre littéralement non plus...
Steve Flynn : ... Tu veux dire que c'est pas ma mère ?...
VHN : Si mais...
Steve Flynn : ... Parce que sinon ma mère est illettrée... Alors je vois pas comment je pourrais la prendre littéralement. D'ailleurs tu le sais très bien, on répète dans son garage et elle nous apporte les snacks.
Ozzy : Toute la littérature c'est mental avant d'être écrit. C'est pour ça que si je suis un putain d'illettré, j'arrive quand même à écrire des textes avec de la signification pour les fans, les purs et durs. Sabbath c'était une étape. Geezer donnait les idées et mettait sur le papier, mais tout ça c'est théorique. Moi je représentais l'aspect collectif tu vois, la face pratique du processus créatif.
Lemmy : Si la litterature m'apportait rien, je lirais rien. Personnellement je suis inspiré par Michael Moorcock, Philip K. Dick (un tout grand), J. G. Ballard. Des mecs qui en ont quoi, et qui personnalisent ça de façon originale. C'est ça le rock. Une façon de faire chier les trop-bien-pensants qui se croient bien-pensants.
Ozzy : Ouais mais tout ça ç'a pas de rapport parce...
Jeff : Le rapport du patho-légiste concasse la composition minérale de l'organisme en voie de décomposition. Os délabrés, osmose de teintes cadavériques délavées, putrides candeurs asphyxiant par bouffées de formol forcées dans l'anus orthopédiculé par l'entremise de sondes à électrodes.
Ozzy : ... que moi j'avais un pied dans la tombe et un autre sur une chaise bancale. Mais je m'en suis sorti. Il y a toujours un moyen quand on y met la volonté. Quand tu veux tu peux, c'est aussi simple que ça. Les gens réfutent parce qu'ils pissent dans le froc rien qu'à l'idée de voir la vérité en face. Moi j'y suis arrivé en chantant, en me faisant la voix de toute une génération d'aliénés. Ça et un rossage de mon père parce que j'avais battu ma soeur Iris jusqu'à la moëlle. Puis j'l'avais incendiée... J'avais imbibé sa jupe au gasoil puis mis le feu, parce qu'elle avait tout bien rangé la maison et qu'on était plus sensé faire un geste ou respirer.
Barney : La rage mec. Hyperventilations d'un cadavre cosmique. Politicard dans un placard.
Lemmy : Ben on y vient. Dans ce monde pétri de merde, on doit tout faire tout seul. Sur un seul pied. T'imagines faire de la confiture au groseille sur un seul pied ?
Ozzy : Mon frère un jour il s'est ramené avec un préservatif qu'on lui avait fait prendre pour un ballon gonflable. Il a soufflé dedans ! Mon père lui a lavé la bouche au savon lol
VHN : OK j'abandonne.
Steve : On pourrait peut-être me faire passer par une des fenêtres ??
VHN : Faudrait peut-être d'abord arriver à te faire entrer dans le mini-bus pour te défenestrer.
Steve : Eh c'est bon MERDE !!! C'est pas ma faute si je dois être LE con dans un article de désencyclopédie à deux balles.

Je lui pardonne néanmoins... Ce trait déviant de son caractère a sûrement contribué à forger sa signature musicale latino-groovy-blast inimitable.

Avant de monter à mon tour, un homme d'âge moyen flanqué d'une paire de mômes m'agrippe par le shirt et me dit que ses enfants ont envie de chatter avec moi. Je lui envoie que je suis à la bourre et que j'ai un tralala show sans soundcheck programmé pour cet après-midi. Il me retourne qu'ils ont fait tout le chemin en voiture depuis Prague, rien que pour voir les "légendes d'Atheist" (???). Là je me sens obligé, alors je prends bien 10 minutes pour chatter avec des pré-pubères qui résonnent pas une syllable d'anglais... Le père prend sur lui de traduire, mais des fois j'ai la vague impression qu'il se fout de ma gueule...

Le père : Il dit que vous rencontrer c'est comme rencontrer Mickey.
VHN : Enchanté de te rencontrer alors, comte Dracula.
Le père : Euh je peux quand même pas lui dire ça.
VHN : Alors dites-lui ce que vous voulez, j'en ai rien à branler.
Le père : <déblatère un truc inintelligible qui illumine le visage des gosses>
VHN : Alors ?
Le père : Je lui ai dit que vous avez déjà été Mickey à Disneyworld.
VHN : Ouais... Orlando Death Metal, man...
Le père : Ils veulent savoir combien vous pesez.
VHN : Je me suis pas pesé depuis 10 ans.
Le père : C'est pas grave je sais comment faire.
VHN : Heeyyy !!!...

Le gars me soulève sans préavis en me ceinturant et semble estimer mon poids. J'ai pas le temps de comprendre ce qui arrive quand...

Lemmy : Eh Baby Kell !!!! On te laisse derrière si tu montes pas !!! Allez montre-nous que tu sais être pro avec quatre couilles bien juteuses !!!!

Dès que je pénètre dans le mini-bus, l'enfer de Dante m'enveloppe. Espace habitable minimum. Pas de climatisation bien sûr. Des fenêtres rafistolées avec des bouts de carton. Barney au volant. L'angoissante rongeante de plus revoir nos bagages. Et j'ai toujours pas fumé un joint sans tabac depuis mon départ de New Jersey.

Barney : Eeeettt j'enfonce la pédaaaaleeeee !!!!
Steve Harris : Euh Barn, 2 secondes !

Barney : La-conscience-de-masse-gravité-de-tuberculose-sociale / Apathie-héritée-d'un-mouvement-d'auto-concession / Philogénie-morte-dans-la-recherche-de-la-marchandise-de-jouissance / Extinction-des-instincts-au-profit-d'une-loi-surtaxée / Jeunesse-spoliée / Potentiel-broyé / Valeurs héréditaires /

Avancement-programmé-dans-la-charte-de-l'auto-destruction-conventionnée / Sédimentation-funeste-dans-l'ombre-du-crucifix !!!!

Applaudissements nourris dans le mini-bus pour cette tirade typiquement grind de 2 secondes.

Je gagne le droit de m'asseoir à côté de Bruce, côté fenêtre en carton. Celui-ci croise les jambes et son genou déborde sur mon côté... Le bus démarre. Son genou couplé avec le battement rythmique du carton, le manque de sommeil, les litanies et autres aveux déontologiques de Jeff Walker, et une discussion experte sur les concours de mangeage de hot-dogs, commence à faire pulser mes tempes. J'en éclate un bouton de pus.

VHN : Euh Bruce, ton genou dépasse...
Bruce : Je t'ai rien demandé.
VHN : Bruce ton genou dépasse...
Bruce : Encore un mot et je quitte Iron Maiden, mais sérieusement là.
Jeff : L'extrudation ex-pectoro-péritonéal conforte la procédure ablative. Je masse l'excavat béant comme une muqueuse de tumeur sardonique, pulvérisé d'éructations compulsives, compulsions explosives de fèces et nutriments partiellement digérés, exhil ex-nihil de métapositions hyperboliques, hyperpositions métaboliques aux poussées organiques centrifugaces. C'est le temps de la levée des greffons saisonniers à assaisonner avec force rétroprojections de mucus hors des vacances locales...
VNH : <essayant de changer le sujet> Alors comment va le bassiste du groupe ?
Steve Harris : Un peu con, il a oublié sa carte d'identité et son passeport au bunker hahahah... Euh attends une seconde.... C'est moi le bassiste... Merde... Putainnnnn !!!!........
Bruce : HAHA tu l'as bien dans le cul ! Ils refuseront de te payer comme une vieille pute après le show hahaha !
Steve : Sinon Kell, où sont vos roadies ?
VHN : Qu'est-ce tu parles, on a jamais eu de roadies.
Steve : Vous tendez vos cordes aussi ???
Bruce : Non non eh Steve, ils s'enculent ensemble !!! Des mecs, des vrais !!!!
Bruce et Steve : HAHAHHAAHAHAHAHAHAHA !!!!
Dave :  :)
VHN : J'ai lu que vous êtes 6 guitaristes dans le groupe.
Steve : Ouais et ??? On embauche autant de guitaristes qu'on veut NA !
VHN : Vous allez l'embaucher quand le septième fils de septième pute ?
Bruce et Steve : HAHAHHAAHAHAHAHAHAHA qu'elle est bonne !!!!
Ozzy : La seule chose que j'ai jamais pu me faire tout seul c'était me faire sucer par ma mère. Franchement un jour j'ai cru que j'allais l'étriper au tournant du couloir à gauche. Mais je ferais tout pour elle, elle m'a donné la vie, pardieu. Si elle me téléphonait là maintenant et me demandait net 7 millions de lires, je les lui filerais sans hésiter si je les avais, sur la vie de ma mère. C'est comme ça qu'on dit à Birmingham, anyway. J'ai même donné le nom de mon chien à mon fils, c'est dire que j'aime mon fiston comme ma peau du cul, exactement de la même façon que j'ai le nom du chien de mon père.

La discussion a coulé et bavé sur les bordures 2 heures durant...

Bruce : J'ai déjà été catégorisé par les journalistes... Le fucking raw deal. Je converse avec ce type du Midwest (Texas ou genre), et là je le vois : ce putain d'écureuil qui ronge ma baraque et les fils, toute la nuit, depuis deux semaines. Deux semaines que je dormais plus et que j'inquiétais ma femme et mon fils tellement j'en étais devenu un specimen de zombie. Alors je me redresse d'un bond, j'empoigne mon flingue et BAM ! Je shoote l'enfoiré qui tombe de sa corniche, puis je danse sur sa dépouille, jusque là rien de plus normal. Le lendeman je lis dans le journal que j'appartiens à une secte de sacrifices d'animaux, genre Glen Benton. Le complet délire portnawak !! J'ai même un chat ! Lui ai fait avaler du paracétamol avec de la bière blonde. Résultat tenace sur la moquette lol
Ozzy : J'ai déjà poignardé le chat noir d'une voisine quand j'avais 11 ans. A l'asile la première question qu'on me pose ? "Vous masturbez-vous ?" lol Une thérapie ? Mon cul ! Le truc en Angleterre, c'est qu'on peut pas s'avouer les choses en face. Moi je suis pas sexuellement assuré, je l'admets, c'est clair. C'est une théorie aussi valable et étudiée qu'une autre. De toutes façons toutes les théories sont équivalentes jusqu'à preuve du contraire, après quoi c'est des... des... pures hypothèses !
Lemmy : Le truc avec les cures, c'est qu'elles sont souvent pires que ce qu'elles sont sensées guérir. Héroïne comme cure de l'addiction à la morphine, puis aujourd'hui la méthadone pour désaccoutumer de l'héroïne. Y'a des sections entières d'hôpitaux dédiées à l'avortement et aux couches malformées. Tu les vois pas parce que le gouvernement les dissimule au public.
Jeff : Déforestation des nidations subcortexales de pus... Râpage, ratelage, défrichage des capillarités affleurant sensiblement l'ectoderme... La pelle du vide dans l'anus temoigne de l'indirection abusive de ma fièvre dépistémologique... Je fais indirectement pulser le cholostrum en écrasant avec une enclume le chloroplaste du tissu thyroïdal... Abjection de la défense immunitaire... Je prends note et je procède au scalp du protocole de l'utérus...
Ozzy : J'ai déjà essayé de me pendre, une fois. Pour voir ce que ça faisait. Je m'étais enfilé un nœud coulant, en me disant que je pouvais de toute façon tout arrêter quand je le voudrais. Mon père m'a vu et m'a tout de suite infligé une monumentale correction lol
Jeff : Catheter, l'anus se plisse en hideux rifts. Bistouri, les hématomes cèdent. Je cautérise l'estomac. Nécro-désentérisation s'ensuit.

Au bout de 5 heures de route, l'équipage commençait à s'inquiéter, et moi aussi. Je suis monté à hauteur de Barney.

VHN : Euh mec... C'est pas que je doute de tes talents, mais tu sais où tu vas ?
Barney : Figure-toi que j'essaie de créer un cliché mental de la carte de Roumanie, et je peux te dire que c'est pas évident comme 8 + 6 font 4 + 9.
VHN : Pour info on est... était au sud-est de Bucarest...
Barney : Ouais mais je t'explique le topo..... Le cerveau humain a 4 hémisphères... L'hémisphère nord, l'hémisphère sud, l'hémisphère est, l'hémisphère ouest. Et cinq si on compte la mienne. Alors comment veux-tu que je partage la représentation mentale entre cinq entités si ces entités sont un seul et unique bordel tout mélangé...
VHN : C'est bon laisse tomber....

Les gars commencent à se congratuler avec des high-fives et à chanter en méxicain. Puis ils se mettent à surfer sur la sortie imminente du prochain blockbuster américain : Free Willy.

Bruce : Il faut que Jesse sauve Willy.
Lemmy : Free Willy !!
Tous ensemble : Free Willy !!!!!

Barney semblant tout absorbé par le défilé organisé de bandes jaunes sur la route, Lemmy l'invite à la foire générale.

Lemmy : Free Willy Barney !! Free Willy nom de Dieu !!!!
Barney : Oouaiiiisssss free-wheeling style !!!!

Il semble ne pas avoir compris Lemmy. La caisse commence à sortir de sa voie en ondulant dangereusement. Je me cramponne à ma ceinture de sécurité. Esther, livide comme un cadavre, choisit le moment pour avoir son attaque hypoglycémique. Steve Harris vomit sur mes pieds en me disant que "somnifère, bière blonde et mal de mer n'ont jamais fait bon ménage". Bruce chante a capella Run to the hills / To get target practice at squirrels / Back and forth, mouth foam / Left and right, I stalk the squeak in the night.

Ozzy : Putain je savais que j'allais mourir ! Putain je savais que j'allais mourir !!!! 55 ans, c'était trop beau pour un rockeur !!! Mon père eh ben j'vais vous dire ! C'était le plus bel enfoiré que ce monde ait jamais porté ! Tiens je vais le rejoindre ce fils de pute et l'embrasser sur le front ! Oui c'est ça ! Sur le front !!
Lemmy : Eh tu vas la fermer ta putain de gueule ??
Ozzy : Sharon !! Elle m'en veut à mort cette salope ! C'est cyclique ces trucs, c'est menstruel ! Elle m'a tiré du merdier quand je coulais ma misère dans une suite d'hôtel 62 jours d'affilée, ça je peux l'affirmer !!! D'entre tous les enculés du management, elle était la dernière qui croyait encore en moins (d'ailleurs c'était la seule gonze), et c'était pas de la foi de pop-tart !!! Parce que finalement, on est jamais que tributaire de la chance qu'on nous donne... Moi je suis une épave humaine, mais en même temps je fabrique pas des bombes, je pollue pas la Terre avec des toxines industrielles, je manipule pas les gens avec des discours politiciens.... Je donne du bonheur aux gens. C'est pas une question de savoir bien chanter, mais de... Tu vois Mick Jagger ? Ben pour moi c'est le frontman sacré du rock. Avec Paul McCartney. Ouais. Notre point commun à nous trois, c'est le charisme. Voilà c'est le mot que je cherchais. Le charisme [...]

Le mini-bus fait tout à coup une brutale embardée, je reçois une caisse en plein nez, et on se mange le bas-côté en tonneaux...

Lemmy : ... de bière !!! C'est plein de mèmères / Qui ont depuis toujours / Un sein pour la bière / Un sein pour l'amour / Ça sent la bière / De Londres à Berlin / Ça sent la bière / Dieu qu'on est bien /

Ça sent la bière
Ozzy : Shit ! Juste quand j'ai l'inspiration d'écrire un texte sur l'accident que je vis, il faut que cet accident arrive vraiment !!!! J'ai la poisseee....!!!
Jeff : L'abréaction suprême m'enlève le vomi de la bouche...
Dave :  :)
Barney : Les mecs, j'ai le monopole syndicaliste de la situation ! Paniquez surtout paaaaaaas !!!......
Dave : (:
Barney : Wwoooowww easy....!!!
Dave :  :)
Dave : (:
Dave :  :)
Dave :  :)
Dave : (:
Dave :  :)
Barney : Bye Willy !

J'hallucine d'halluciner sur ce que je peux entendre sens sus dessous dans un tel contexte. Juste le temps de voir dans la confusion générale Roger, qui dormait d'un sommeil de plomb, partir à travers la vitre.

Finalement le véhicule se stabilise, sur le flanc. Roger était tragiquement mort, et déjà j'appréhende que plus rien ne sera comme avant. Il était l'âme d'Atheist, à la fois par son jeu prodigieux à la basse, et avant tout, par son mode de vie insouciant et bon enfant. Roger, tu nous manques. Je sais que tu m'entends dans l'au-delà, dans cette foi, qui nous unissait, que la musique dépasse le cadre de nos vies terre-à-terre.

Dans l'aura traumatique, on tourna tous nos regards accusateurs vers Barney, d'autant plus que celui-ci ne semblait pas être affecté le moins du monde par la perte de Roger.

Barney : C'est fou j'aurais jamais cru que je me mangerais le flanc d'un car. D'habitude c'est moi qui mange les quarts de flan mdr
Steve Flynn : Maintenant je conçois que je ne serai pas pour l'éternité avec ma caisse claire. Roger était comme un frère.
Bruce : Au moins là il y a quelqu'un qui a vraiment quitté quelque chose. Enfin je crois. Je vais en parler à mon manager, c'était pas dans le deal que j'ai paraphé.

10 minutes avant que quelqu'un n'accepte de monter Steve Harris en ville pour organiser les secours. 2 heures plus tard, j'avais endigué mes saignements nasaux, pissé mon sang, on avait un nouveau car, et la dépouille de Roger était en transit à la morgue avant expatriation.

Voyage post-traumatique au-delà de la mort. Je regarde les champs s'étirer de leurs tons pastels alors que le soleil commençait sérieusement à taper et l'odeur envahissante du cuir surchauffé à aiguiser les nerfs.

Jeff : Je déjugule le flot apaisant de la fémorale avec un tranche-jambon. Les embruns de cramoisie satire viennent peindre mes gants de satin blanc. Je chante l'opérette à ventre ouvert alors que mes mains bafouillent le coquet menuet dans la salade viscérale où j'extraie le coeur et les poumons de la chorégraphie, ainsi que le kilogramme et demi à sécrétion biliaire. Je m'apprête à planter les dents dans l'épurateur, plus sénilement le dentier dans la purée...

Un Lemmy revitalisé crache régulièrement sa chique par la fenêtre en se massant lourdement le front brillant de sueur. Jusqu'à ce que l'un de ses crachats, alors qu'on était entrés en ville et postés à un feu, n'atteigne un automobiliste stationnant sur la voie opposée. Celui-ci descend en pleine voie et se dirige vers nous d'un pas lourd.

Le conducteur : Euh excusez-moi mais...
Lemmy : Quoi ? Tu veux mon autographe, connard ?? J'ai enculé ta mère en larmes après qu'elle t'a accouché !!
Le conducteur : Euh non... <bat en retraite>
Lemmy : <se tourne vers nous> C'est comme ça qu'on les mate... Mon trip perso, c'est quand je la joue sympa avec les journalistes, et ceux-ci peuvent pas s'empêcher de répandre autour d'eux que j'ai pas du tout la grosse tête, que j'suis un type quoi de plus normal, et autres conneries du genre HAHAHAHA quelle bande de trous du cul !!!
Lemmy : Ozzy, je vaux toujours plus cher que ma dernière canette de bière. Et tu sais pourquoi ? Parce que je fermente remarquablement bien. Je suis une usine à alcool ambulante, en dehors de toute question d'âge. Je pète le gaz carbonique. Pis quand on m'énerve je deviens bière rouge. Tout ceci nous amène aux étendues de sable rouge dans l'Arizona, à bord d'une Harley customisée amoureusement par mes soins...
Ozzy : ... et j'ai vendu ma baraque pour 10g de coke. 10g de coke ! Tu parles d'un fils de pute ! C'est comme dans cette manufacture de klaxons. Ç'a été mon dernier job "régulier". Je demande à mon collègue combien de temps il a passé ici. 33 ans qu'il me dit. 33 putains d'années passées debout dans cette cabine d'essayage de klaxons de merde. C'est sa dernière année, et après ça, il dit qu'il va pouvoir s'acheter sa montre en or. Là j'ai disjoncté. Je lui ai dit...
Lemmy : Eh tu sais que Lemmy te parle ?
Ozzy : Oui et alors ?
Lemmy : Ah c'est vrai ça... Lemmy c'est Lemmy, et moi c'est moi...
Steve Harris : Dites les mecs, vous avez pas l'heure ?
Ozzy : ... : "Tu sais où tu peux la mettre ?"
Steve Harris : Eh c'est bon, y'a les roadies pour ça.
Lemmy : Tu sais pourquoi j'ai écrit Orgasmatron...? Parce qu'il n'y a aucun Atron dans ce putain de monde, dans cette industrie musicale de merde. En tant qu'artistes le cynisme est la seule arme qui nous reste. Parce que quand tu vois que 5/4 des groupes actuels qui passent sur le câble c'est une immense joke electro-grunge de mes couilles... et je te parle pas des 3/4 restants. Une immense blague. Quand les fans viennent voir Motörhead, ils savent qu'ils ont affaire au real fucking deal. Parce qu'on entretient un certain respect mutuel par rapport à notre base de fans. 45 ans d'âge moyen. La dernière fierté du hard rock.
Ozzy : MTV de nos jours, c'est un poisson d'avril. Ils ont les moyens de passer en boucle 24h sur 24 de pures bouses de vache comme on en fait plus dans le Sussex.
Bruce : À propos de vaches, moi je tue des écureuils.
Lemmy : J'ai jamais vu un putain d'écureuil qui ait été hippie, à moins de se shooter. Par contre un hippie, ça reste un hippie, quelle que soit la qualité de l'herbe. Une pauvre loque du passé. Et tu sais que les chevaux ça boit de la bière ? C'est de là que vient l'expression "Lemmy boit des doses de cheval" mdr
Bruce : Lemmy tout porte à croire que...
Jeff : Conformations endogéniquement dégénérées... Les malaxations baignant dans la purulence saturent des boulémies céphalectomiques avortées dans les dissidences rachidiennes...
Lemmy : Il suffit pas de croire, il faut savoir !! Savoir c'est faire face, à un demi-pas de la vérité. Un demi-pas, c'est le recul non nul minimal nécessaire à une putain de bonne vision. J'vais vous dire ! Moi quand je fais un demi-pas en dehors de chez moi, je croise au moins 5 connards ! Vous allez me dire, à 5 ou vingt-mille pas, un connard reste un connard, axe X ou Y !! Eh ben vous savez quoi ? Ce serait vrai ! Parce que la contradiction, c'est le premier signe qu'on a raison, parce que la vérité c'est un putain de bordel de truc cyclique ! On faisait chier nos parents, et maintenant c'est les gosses qui nous envoient à la retraite ! Il y a forcément une raison, et c'est la leur !!
Bruce : Eh Lemmy, tu crois pas que t'es barbant ?
Lemmy : Parce que tu crois que le rasoir d'Occam ça me couperait la barbe ? Espèce de connard !
Jeff : Variété immonde de sommité somatique de pus enlevé déjecté d'une dialyse abréactive de macro-selles... Culmination pulsante de tissus aponévrotiquement apoplexiques...
Ozzy : Les mecs, pendant tout ce temps, j'ai jamais eu peur. Mon père, lui il avait la meilleure raison d'avoir les boules. Dans l'estomac. Une boule en caoutchouc et un cathéter dans le bras. Il me dit de le tuer, pour qu'il meurt dignement. Je flippe parce que je peux pas. Je flippe pas parce qu'il y a une réponse mentale à tous les problèmes. La foi du madman.
Jeff : J'édente le foie de madame. Le câblage vésiculaire pète du doux vésuve qui affleure à peine vers mes délicates lèvres. Je hume le posthume. Les émaciations de l'ivresse découpent ma perception intoxiquée comme dans du papier de verre. Ma soif sanguinaire m'incite à mâcher ma langue, où je goûte au relief gore-gothique de la situation. Crucifixion in situ.

On touche enfin à "notre" destination (je mets "notre" entre guillemets pour qu'on évite de m'amalgamer avec cette horde de boucs). Lorsque le mini-bus fait halte, Lemmy se cabre soudainement et fait volte face, et en un éclair j'ai vu ma vie étinceler sur le chrome d'un magnifique semi-automatique Colt Delta Elite. La mâchoire d'Ozzy happait l'air comme un poisson l'eau, sa langue claquant le palais du L de "Je le savais". C'est sur le moment que j'ai saisi qu'on pouvait dire plein de choses en disant n'importe quoi.

Lemmy : Ben quoi, personne ?? Pas un pion pour se rebiffer ??
Steve Harris : Qu'est-ce que t'attends, Lemmy ? Shoote !! Tout le monde en a marre de vivre dans ce merdier !!
Lemmy : Ben je croyais...
Ozzy : L L L L L L
Jeff : Décroissance de l'humeur, croissance de la tumeur. Innervation insectoïde, engrainement grangrénal dans le substrat muccal, congestion polyhistologique des embolies, des rigoles de sarcasmes fibroblastiques se détendent sous l'hyper-hilarité des produits mutagéniques d'enzymes fécalisés chiasmés dans le pot-aux-roses transtestinal.
Steve Harris : C'est plus l'heure de croire !
Lemmy : D'habitude quand c'est terminus tout le monde descend...
Ozzy : L L L L L L

On a tous baissé et secoué la tête, en mode auto-apitoiement. Une forme de Jugement Dernier...

... vers la direction duquel nous parviendrons à Bucarest, crasseux, poisseux, nauséeux, crasseux. Entre temps, un petit cercle se sera formé, où les participants compareront hilares la longueur de leur membre, me faisant craindre qu'ils ne fassent l'immanquable amalgame avec l'évocation passée des concours de mangeage de hot-dogs. Nous n'aurons ni le temps d'engloutir un snack, ni de nous échauffer avec le matériel loué ou emprunté aux autres groupes (y incluse une recrue bassiste de fortune). Je sais alors que je peux faire mes adieux au sac à mains de ma petite amie. Celle-ci m'apprendra que ma mère a décédé il y a 2 heures. Ozzy me fera alors remarquer comment sa fille est née à 17 minutes d'intervalle de l'anniversaire de la mort de son regretté père. Sur scène, nous nous ferons conspuer, huer, pendant qu'une tête d'affiche, sans doute ces homos roulés dans le spandex de Megadeth, se fera réclamer 10 groupes à l'avance. Le sol s'effondra sous les pieds de Rand (Burkey, notre seconde guitare), cassant son bras et fracassant sa guitare. Un lunatique précipitera un attentat à ma guitare en signant son autographe dessus au marqueur noir. Un stage diver marchera par inadvertance sur la pédale de Rand, sabotant la chanson et la transformant en un solo de batterie de Steve, avant de se jeter dans les bras de tout le peuple roumain en délire devant le cirque. De toute façon, l'ampli de Rand concluera son cycle de vie quelques minutes plus tard. A la suite de quoi je serai seul à me louper magistralement sur ma partie suite à l'engourdissement musculaire associé à mon syndrome du canal carpien. A notre sortie, l'un de nous sortira sur civière, la tête en sang pour s'être heurté de plein fouet le front sur la croix en fer géante du décor scénique de Saxon... Pour le retour aux States, je passerai le voyage en avion le plus pourri de toute ma vie, entre les retards, les alertes à la bombe, l'arrestation de Rand pour menace à la bombe en état d'ébriété devant un commissariat...

Avant que tout cela n'arrivât, le préposé du service de transit des bagages me ramena à la réalité d'un claquement de doigts juste sous le nez, avant de me confirmer qu'on avait bel et bien égaré le sac à mains. Ça me soulagea et me donna le sourire pour la première fois depuis 48 heures.

Ozzy : I am the iron maaaannnnnn !!!!
Jeff : Le soleil est une lumière expurgismée d'un sérum de glaires, de morves gustatives, de lobes de pus vacuolisés dans la matrice de réticules de bulbes gazeux recrutés dans les souches nécrotiques, de grappes de ganglions bulbomériques, de phallogocentriques mégablastoméries, Et Scalp Terra, Et Scalp Terra. Les nervures colorées des ailes de l'imago captent la lumière dorée... Les terminaisons nervurales se ramifient... Un envol, juxtapositions élévatrices de miasmes azuréens, s'évapore dans un nu ange à flatulences aiguës...
VNH : Eh Jeff... Tu continues comme ça et je te jure que tu pourras plus jamais dire bonjour à ta mère.
Jeff : L L L L L L
Bruce : Tu te prends pour Ozzy, Jeff ?
Dave :  :)
L'auteur de cet article : Non il parle dans une grammaire totalement hors contexte de type LL. Analyse tout-le-monde-descendante. Faillait que je puisse sortir de cet article à deux balles avec une punch-line LoLoLoLoLoL

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