Lépreux immortel

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« Comptez toujours sur un lépreux immortel pour vous refiler un bras en cas de problème. »

À l'origine, un lépreux immortel est un lépreux auquel Dieu donne le choix de la vie éternelle ou de la mort. Au moment du choix, le lépreux se gratte obscènement la croûte pruriteuse. En temps normal, tout lépreux accepterait la mort, mais ici le lépreux doit finir son œuvre par compulsion, et étant donné que Dieu ordonne une réponse immédiate, il décide de poursuivre. Éternellement.

Histoire

Le léprudaïsme

Le groupe de death metal Immortal sort un album-concept sur les lépreux immortels en 1982.

La première disposition testamentaire attestant de l'existence de lépreux immortels vient de Dieu au sommet du Mont Ventoux, où soufflent tous les vents éternels. Hémorroïse, immortel berger, invoqua Dieu pour devenir lépreux. Dieu l'entendit et imprima ses volontés sur les Tables de la Loi. Ces Tables n'étaient pas de pierre. Il aurait fallu les tailler ces pierres, et Dieu n'avait tout simplement pas le temps. Alors il écrivit en creux sur la chair de Thrombus et Prolapsus, les deux lépreux qui escortaient Hémorroïse. Ceux-ci, en vertu de leur mission de témoins sacrés, devinrent les mets éternels de la Table des Élus. Leur fonction n'a pas évolué depuis l'Antiquité, seuls les noms se vêtissant aux modes du temps qui passe. Ainsi, de fil en aiguille, Thrombus devint "Caillot de sang", et Prolapsus "Descente anormale du rectum dans le vagin".

Le léprianisme

Mozart, virtuose du léprianisme

Au commencement de l'ère chrétienne se distingua un prestidigitateur lépreux, et pile poil il s'appelait Jésus de Nazareth. La rumeur de sa réputation se répandit comme une traînée de poudre d'érosion charnelle, à force de tours exhorbitants où il s'ôtait les yeux, ou de tours de bras où il faisait de la corde à sauter. La religion léprianiste était née.

Sa performance historique devait être marquée du sceau de la précocité. À 5 ans seulement, Mozart pouvait jouer de la harpe avec les tendons de Jésus, ou du piccolo avec les pores dystrophiés de la peau.

Un jour, Jésus perdit une jambe qui flotta au large de la rive du fleuve du Jourdain. Jésus, pris d'un soudain élan apparemment suicidaire, se lança après elle. Si la jambe dérivait obscènement en surface, ce n'était rien devant la marche sur l'eau de Jésus. Pour mieux retranscrire les émotions de l'époque, il faut préciser qu'il y allait en courant à cloche-pied, puisqu'il venait de perdre sa jambe. Ceci enfla encore plus la portée de l'exploit. (Plus tard on s'aperçut que la marche sur l'eau n'avait rien de miraculeux en soi, et s'expliquait rigoureusement par la densité du lépreux inférieure à celle de l'eau. Lorsque, hydroporté le long de son itinéraire, Jésus imposa ses mains infestées de Mycobacterium leprae sur un vieil homme se débattant de la noyade, et que celui-ci fut sauvé en se mettant à flotter à son retour, le jeu du Touché-Plus Coulé venait de naître.)

Or Jésus démontra un trait saillant du lépreux immortel : la déterioration à l'usure de l'épiglotte et sa perte à l'âge cadet[1]. Par conséquent, le lépreux immortel boit et respire par les mêmes tubes, et ce sans mourir puisqu'il est immortel. Il est ainsi prouvé que les lépreux sont de l'ordre des poissonidés. Et que cela soit dit : si les poissons flottaient, les aquariums seraient plats et beaucoup plus faciles à transporter, à entreposer et à entretenir.

Puis, un beau jour d'été, Jésus fut touché par la grâce de la puberté. Par temps de chaleur torride, l'acné pullula sur son derme en gros œdèmes de pus et bulles d'air. À cause d'un tel œdème il perdit l'usage de la vue et conséquemment la sensation du toucher, celle-ci étant localisée dans l'œil[2], ainsi qu'Hamlet le romança :

Les yeux sans le toucher, le toucher sans la vue, les oreilles sans mains ou sans yeux, l'odorat sans tout, ou rien qu'une partie malade d'un seul des cinq sens ne pourrait être aussi stupide.

—Hamlet

Le miracle chrétien était qu'il tenait tout seul avec des clous.

Pour qu'il ne s'envole pas comme un ballon d'hélium dans la stratosphère, ses partisans le retinrent par crucifixion (forme de paraplégie léproïde). Le miracle était qu'il tint tout seul sur la croix lorsqu'il éternua, éjaculant boyaux, pus, sang, et glaires. « À tes souhaits ! » : ainsi l'envoyèrent les médecins au paradis devant la fureur du spectacle. Cela encore n'est rien, car, voyez-vous Jésus était une femme[3], et elle avait justement ses ragnagnas.

Le lépriapisme

Branche dissidente du léprianisme, le lépriapisme se veut une religion fétichiste et apocalytique. Créée en l'an 1072 par un barnabite, elle s'organise autour de la collection de pénis perpetuellement en érection perdus par des lépreux immortels. Tous ses cultes et rituels consistent à veiller l'Apocalypse dont le signe précurseur se déduira de la débandade desdits trophées.

Les philosophes allemands

Hegel testa sur des lépreux immortels sa phénoménologie de l'esprit, c'est-à-dire l'essence de la négation radicalisante qui fait qu'un être n'est rien. Il les plongea dans des bains acides et les dissolut jusqu'à la moëlle. Les lépreux immortels survécurent, mais l'épistémologue Karl Popper l'accusa de jargoniser, à quoi Hegel rétorqua :

« Je ne jargonise pas, je kalgonise ! »
~ Hegel

Et d'ajouter, avec une dosette à la main :

Les lave-linge durent plus longtemps avec Kalgon !

L'Hégel Kalgon, bien avant de devenir les Pastilles anti-Kalcaire d'aujourd'hui, avait montré à Hegel que le lave-linge aurait beau durer plus longtemps, il ne durerait jamais plus longtemps que le lèpreux immortel à programmation égale.

Maladies

Le lépreux immortel est le sujet privilégié du symptôme quintessentiel de la vie : la souffrance. Il vit longtemps pour souffrir longtemps, et les euthanasies sont pour lui un pays fédéral dans l'atlas des luxes de notre monde, en plus des banques suicides.

SIDA et cancer

Un lépreux atteint du SIDA ou du cancer (et sa variante redoutable la mucoviscidose) perd en moyenne 2 fois plus de membres qu'un lépreux normal, pour le même nombre de membres à la naissance. Dans l'acception courante, le fait s'explique phénoménalement par le rendement anormal de la division embryonnaire par dérachidadatisations.

Une mucoviscidosette de Kalgon, et le linge est tout propre !

Les greffes sont généralement hors du périmètre chirurgical de la lèpre immortelle. Non seulement elles appauvrissent le trésor d'organes public et le privent de fins plus utiles, mais elles donnent lieu à des opérations où le chirurgien débite accidentellement plus de membres qu'il n'en greffe. On se souvient de cette fameuse opération chirurgicale où Mr. F. Cohen essaya de circonciser avec la manière Mr. Üngstünksbrentaldensk, pour perdre non seulement le pénis, mais tout le haut du corps. Mr. Üngstünksbrentaldensk dut faire le reste de sa vie avec la moitié inférieure du corps, réduit au minimum vital de tout homme : uriner, excréter, péter, roter. Comment, vous ne savez pas roter avec votre anus, ni roter avec votre méat urinaire ? Vous n'avez pas vécu alors, jeune femme (homme) !

Le ténia

Alors que l'hôte du ver du ténia transmettait ses œufs en faisant digérer ses excréments, le mode de transmission, comme le traité européen poussé par Nicolas Sarkozy, s'est beaucoup simplifié, puisque maintenant il suffit de manger directement le lépreux aux muscles infectés de cysticercose (formation de kystes contenant des larves). Manger les excréments du lépreux demeure cependant une option de rechange tout à fait digeste.

On peut généralement calculer un réseau d'affinités dans un groupe de lépreux en mesurant le degré de parenté génétique des vers renfermés, puis y appliquer une grapho-analyse statistique avec la méthode des nuées dynamiques de mouches vertes par exemple.

Retrouve le lépreux immortel !

Un support à la réflexion philantropique

L'école de phénoménologie de Zürich a initié une réflexion collective sur la famine dans le monde auprès d'une grange de lépreux dans le Gange (où ça démange, tu vois la rime ?). Ceux-ci se prêtèrent au jeu avec une dévotion infinie. Voici ce qu'ils firent :

  • Se gratter la tête
  • S'arracher les cheveux
  • Se creuser les méninges
  • Se transvaser le cervelet
  • Se brasser les intestins
  • Se feutrer la glande surrénale

« Avec le produit de ces frottis, nous avions déjà un bon début de solution concrète que nous envoyâmes à l'association humanitaire Faim dans le monde. Une réitération de l'expérience produisit l'assaisonnement », relève le umlaut de l'école de Zürich (le umlaut s'est détaché du U de Zürich, et a fièrement pris la parole pour les besoins chirurgicaux de l'article).

Dans l'ombre

Des cobayes avant l'heure

Le comble des lépreux immortels serait qu'on se les arrache. Les lépreux sont naturellement voués à l'ombre, infailliblement dressés en éveil alors que leurs membres, eux, tombent littéralement de sommeil.

Seuls les lépreux à l'étalage, rayon Fruits & Lépreux, connaissent un succès relatif continu auprès de la jeune débaucherie des Facultés de Médecine, qui se font l'autorité officieuse de la pratique de la circoncision. Ces lépreux servent de modèle pour l'autopsie expérimentale et la reconstitution historique. Les variantes disponibles sont les suivantes :

  • Le lépreux cru
  • Le lépreux entier
  • Le lépreux écrémé
  • Le lépreux demi-écrémé
  • Le lépreux en poudre
  • Le lépreux concentré (déshydraté à 60%)
  • Le lépreux arômatisé

Des pièces célèbres à forte valeur documentaire, comme Albert Fish contre le petit lépreux immortel en 2003, ont pu être créées au théâtre uniquement sous leur direction scientifico-artistique avisée.

Expériences célèbres

Albert Fish contre le petit lépreux immortel entraîna une émulation dans le domaine de l'expérimentation sur le thème : jusqu'où peut-on acculer l'immortalité ?

En Angleterre en 1912, on commença par amputer des enfants lépreux à la chaîne. On ne pouvait pas en venir à bout, même après plusieurs années de fièvre sadique contre la communist leprosy, les moyens allant du simple couteau suisse à la presse hydraulique. Lorsque la Première Guerre Mondiale éclata, les femmes remplacèrent les hommes mobilisés dans l'armée. Ceci correspondit à un boom de l'émancipation de parties corporelles lépreuses qui fait l'héritage et la fierté des petites anglaises aujourd'hui.

Quand les enfants ne suffirent plus, les scientifiques, dont la célèbre Mary Curry (sic), s'attaquèrent aux fœtus. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé, mais c'est extrêmement coriace un fœtus de lépreux immortel. Pour prendre l'option métaphorique : vous avez beau la hâcher la pâte à modeler et la passer à la moulinette à frites, elle devient de plus en plus éternelle et invincible, jusqu'au point où par dépit vous essayez de vous suicider en mangeant la pâte à modeler et mourez d'indigestion. Ce qui arriva à Mary Curry.

Rationaliser la lèpre immortelle

Expériences métaphysiques

Les échecs ne tarirent point la veine de la recherche. Un nouveau protocole expérimental, le half-blind half-bind, fut mis au point :

  1. Couper votre lépreux immortel en 2 portions parfaitement symétriques
  2. Beurrez le tissu épithélial
  3. Arrosez de jus de citron
Identifie l'organe sur l'image !

L'étape 1 pose la problématique suivante : dans quelle portion se trouve le lépreux immortel ? Selon que le siège de la conscience se situe plus à gauche ou à droite, la réponse tendra à gauche ou à droite. S'il se situe exactement au milieu, le lépreux immortel peut-il se reproduire comme les vers de terre ? Ces questions ne reçurent aucune réponse, pour une raison pratique liée à l'excessive contrainte de perfection de l'étape 1.

Dans le Bras de Fer, un lépreux immortel s'affronte lui-même pour fournir une réponse à la question suivante : ses avant-bras peuvent-ils se démembrer en même temps ? Cette expérience, plus que le half-blind half-bind, était conçue pour s'amuser. Sa popularité perdure, car systématiquement, les rapports omettent les résultats et la conclusion, ce qui encourage le renouvellement expérimental à travers le monde.

Controverse de Copenhague

La première datation au carbone 14 d'un lépreux immortel date de 1999, année honteuse s'il en est, qui a vu la naissance de contributeurs à la désencylopédie de moins 10 ans. Les résultats furent pour le moins suprenants.

On s'étonna éminemment du fait que le spectre d'âges les lépreux immortels participant à l'opération, en échange de biscuits et de jus d'orange, s'étendait de 4 à 35 ans, 35 étant l'espérance de vie moyenne d'un lépreux non-immortel. Les expérimenteurs tablaient plus sur des vies pluri-millénaires.

Des détracteurs soulevèrent la folâtre remise en question de l'existence des lépreux immortels. Autant remettre en cause l'existence de cet article, n'est-ce pas ?

Pierre et Marie Curie

Pour étayer leur thèse à l'origine de la célèbre controverse de Copenhague, ces détracteurs relevèrent la particularité chez les lépreux (immortels ou non) de tous posséder le même physique physicien, c'est-à-dire répugnant et émétique. De plus, ils s'appellent tous soit Debby Walton, soit Bobby Watson. Les plus célèbres, les Lépreux Nobel, comme Niels Bohr (un nom vite donné à un fantôme parmi d'autres), sont tous des solutions de rechange interchangeables, ce qui crée des situations fameuses de dimorphisme (impossibilité de déduire le sexe de l'apparence). Les lépreux Nobel Pierre et Marie Curie (attention, ne pas confondre cette dernière avec Mary Curry, qui était une scientifique en bonne santé — Marie Curie est en effet française) constitue un tel exemple de couple inséparable. La paternité des résultats de leurs travaux échoit indifféremment à l'un ou l'autre par impossibilité pratique de distinguer l'un de l'autre. Pour les "copenhaguiens" toutes ces confusions mènent à l'idée fausse de considérer un lépreux d'aujourd'hui comme un lépreux d'il y a plusieurs années, siècles voire millénaires, puisque les deux se ressemblent tellement.

Dans l'affaire "Heisenberg contre Schrödinger", tout le cœur de la querelle était une question de ressemblance : Schrödinger disait qu'il ressemblait parfaitement à Heisenberg, « sur la même longueur d'onde », mais celui-ci arguait de leur particularisme individualisant. Nous tranchons en faveur de Schrödinger : ils se ressemblent.

Qu'est-ce qu'ils ressemblent à Marie Curie.

Mais pour les détracteurs, plus que la dialectique et les belles conjectures, c'est quand on commença à interroger les intéressés eux-mêmes que la théorie de l'immortalité s'écrasa sur le poteau rose. C'était d'ailleurs bien la première fois qu'on leur adressa la parole. Les entretiens constituèrent une image du lépreux pleine d'humanité, d'espoir, d'amertume, d'aspiration naïve à la vie. Et beaucoup d'autres choses tout aussi ennuyeuses, comme l'état civil. Alors passons sans transition à la question existentielle suivante : le tronc anatomique fait-il partie du lépreux ?

Des expériences furent levées : des lépreux immortels furent sommés de faire des pompes par exemple. On s'aperçut que les bras tenaient tout seuls après que le tronc s'effondre sur son centre de gravité. De même, au cours d'un voyage astral, il arrive de voir les bras se lever et tirer sur le corps, avant de partir seuls par déchirure des tissus et des tendons. Le tronc ne fait donc a priori pas partie du lépreux per se, et c'est très marrant comme ça. Comment ça je parlais de l'individualité du lépreux ? Mais on se marre, cessez donc de plomber l'ambiance !

Sélection naturelle

Visualisez un lépreux immortel à l'arrêt de bus à proximité de chez vous. En tendant le bras à l'horizontal il fait signe au conducteur de bus, mais celui-ci ne le voit pas, et son poids lourd emporte le bras en passant. Ou visualisez un lépreux aux prises avec le crédible Houlk... non... avec sa corde à sauter déjà. Il la fait tournoyer et soudain se fauche les deux jambes d'un banal fouettage de corde. En complétant son cycle, la corde le décapite.

Eu égard à ces occurrences burlesques, les lépreux s'insèrent idéalement dans le cadre théorique burlesque de Darwin. Nombreux naissent sans bras, ou sans jambe, ou sans queue ni tête, par anticipation de leur future perte. Uniformément, le lépreux immmortel va évoluer vers un œuf. Ainsi va l'œuf. Mais avisés seront ceux qui naîtront directement sur trépied, afin de pouvoir être montés plus facilement dans des exhibitions d'art.

Francis Bacon, Crucifixion d'un lepreux immortel

Vivre avec les lépreux immortels

Il est important de savoir dès maintenant catégoriser visuellement les lépreux selon leur sexe, car à l'heure de leur domination numérique de la Terre, nous devrons connaître les bases du parler mendiant classique :

  • « Bonjour Madame ! (tendez l'écuelle) »
  • « Bonjour Monsieur ! (tendez l'écuelle) »

Et s'ils vous tendent la main, prenez-leur le bras !

Notes

  1. C'est la période avant que ton frère aîné ne meure.
  2. Nous vous laissons imaginer à quoi ressemblaient les parties de chat-bite entre lépreux immortels.
  3. Eh oui ! (eh oui y'a que "eh oui !" dans cette note de bas de page de merde !)


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