Argumentation

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L'argumentation est un échange au cours duquel un débatteur fait en sorte de faire accepter un point de vue. Une bonne argumentation est le secret pour convaincre ses adversaires de n'importe quoi, car il n'y a rien de plus puissant que la logique. Passons en revue quelques techniques de base permettant de mettre à genoux votre co-débatteur.

Argumentum ad hominem

La technique élémentaire de la rhétorique consiste à attaquer votre adversaire lui-même. Après tout il a tort, donc il a certainement un passé assez chargé. Si l'on se convainc que cet homme est mauvais, il s'ensuit que sa théorie est mauvaise (c'est logique).

Socrate : Et si le bonheur est le plus grand bien et que nous devons atteindre le plus grand bien, ne s'ensuit-il pas que nous devons atteindre le bonheur ?
Schopenhauer : Je pourrais tout à fait être d'accord avec ce M. Socrate, mais dois-je rappeler qu'il a servi dans les jeunesses hitlériennes ?
Socrate : Mais enfin ! J'avais 6 ans en 1944 ! Comment voulez-vous...
Schopenhauer : Combien de personnes avez-vous envoyé dans un camp de concentration, M. Socrate ?

Schopenhauer démontre brillamment la faiblesse de l'argumentation de Socrate.

Plus subtil, on peut s'attaquer à ses relations. Si votre détracteur a un ami ou un membre de sa famille qui a eu un passé scabreux, c'est donc que votre détracteur défend une théorie scabreuse (car 1+1=2).

Socrate : Et si le bonheur est le plus grand bien et que nous devons atteindre le plus grand bien, ne s'ensuit-il pas que nous devons atteindre le bonheur ?
Schopenhauer : L'argumentation de ce M. Socrate est intéressante, mais dois-je rappeler que son cousin germain est un violeur d'enfants ?
Socrate : Non mais c'est vraiment n'importe quoi ! Mon cousin a bien été condamné, mais jamais je n'ai...
Schopenhauer : Donc vous ne démentez pas ? Dont acte.

Schopenhauer réduit à néant la théorie de Socrate avec cette preuve lumineuse.

Argumentum ad populum

Il va de soi que si la plupart des gens défendent une idée, ils ont nécessairement raison. Celui qui prétend le contraire a bien évidemment tort, puisque la majorité des personnes interrogées sur ce sujet pensent qu'il a tort.

Popper : La liberté, si elle est illimitée, conduit à son contraire ; car si elle n'est pas protégée et restreinte par la loi, la liberté conduit nécessairement à la tyrannie du plus fort sur le plus faible.
Schopenhauer : Si on fait un Google test sur cette phrase, on obtient 0 résultat, donc ça m'étonnerait pas mal.
Popper : Mais...
Schopenhauer : 0.

Schopenhauer ridiculise Popper et sa soi-disant logique. Ahah !

Simplification

Certains débatteurs utilisent des arguments compliqués pour vous embrouiller. Simplifiez ces propositions et leur inanité éclate.

John Rawls : Les inégalités sociales et économiques doivent satisfaire à deux conditions :

  1. elles doivent être liées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous, dans des conditions d'égalité équitable des chances ;
  2. elles doivent procurer le plus grand bénéfice aux membres les plus désavantagés de la société.
Schopenhauer : Donc pour résumer vous voulez ouvrir les portes de notre pays à une horde d'assassins ? Eh bien permettez-moi de ne pas vous suivre sur ce chemin.
John Rawls : Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit ! Vous déformez...
Schopenhauer : Ayez une pensée pour tous ces enfants morts sous les coups de ce que vous appelez des "désavantagés". Un peu de décence !

Après simplification, tout le monde peut se rendre compte comme Rawls se moque du monde.

Appel au ridicule

Il va de soi que certaines théories sont une honte, tant elles s'opposent au bon sens. Dans ce cas, contentez-vous de prendre un contre-exemple parlant qui montrera les faiblesses du raisonnement adverse.

Darwin : La théorie de la sélection naturelle impliquant l’existence antérieure d’une foule innombrable de formes intermédiaires, reliant les unes aux autres, par des nuances aussi délicates que le sont nos variétés actuelles, toutes les espèces de chaque groupe, on peut se demander pourquoi nous ne voyons pas autour de nous toutes ces formes intermédiaires, et pourquoi tous les êtres organisés ne sont pas confondus en un inextricable chaos.
Schopenhauer : En d'autres termes, mon grand-père est un chimpanzé !
Darwin : Quoi ? Mais pas du tout ! Je...
Schopenhauer : Mon grand-père est un héros de la guerre, M. Darwin, je ne vous permets pas !

Quand on pense qu'il y a encore des gens qui défendent Darwin, ça fait froid dans le dos !

Fausses conséquences

Il arrive souvent que votre adversaire émette une hypothèse simple qui peut paraître intéressante, mais si l'on s'intéresse à tout ce qu'elle entraîne, on voit alors qu'elle ne peut se vérifier, car ce serait vraiment la porte ouverte à tous les abus.

Hegel : La désignation de quelque chose comme quelque chose de fini ou de borné contient la preuve de la réalité effective et de la présence actuelle de ce qui est infini, sans borne.
Schopenhauer : Voilà, surtout supprimons toutes les bornes, bravo ! Plus de morale ! Allons plus loin, livrons tous les enfants à la prostitution ! Votre théorie est honteuse.
Hegel : Hein ?
Schopenhauer : Cela s'appelle l'anarchisme monsieur.

Hegel est un pousse-au-crime de toute façon, tout le monde sait ça.

Argument d'autorité

Votre adversaire va régulièrement s'attaquer à des sujets qu'il ne maîtrise pas. Pour lui clouer le bec, sortez-lui une étude scientifique parue dans un journal de référence (Quid ou Science et Vie Junior).

Spinoza : J’entends par cause de soi ce dont l’essence enveloppe l’existence, ou ce dont la nature ne peut être conçue que comme existante.
Schopenhauer : J'ai là des chiffres qui prouvent le contraire.
Spinoza : Mais je peux démontrer que...
Schopenhauer : Allons, M. Spinoza, les chiffres ne mentent pas.

Notez toutefois que les chiffres de votre adversaire sont hautement sujets à caution, puisqu'il les tire de revues dont le rédacteur en chef a un cousin qui a servi dans l'Armée Rouge.

Renversement de la charge de la preuve

Il est trivial et évident que votre détracteur va chercher à aller contre le bon sens commun en émettant des hypothèses douteuses par définition, puisque nouvelles. C'est bien beau de vouloir démontrer qu'il a raison, mais encore faut-il d'abord qu'il ne puisse pas ne pas démontrer que vous n'avez pas raison. Eh oui.

Lavoisier : Nous ne pouvons procéder pour nous instruire, que du connu à l’inconnu.
Schopenhauer : Tiens donc ? Il est pourtant largement avéré que l'on procède de l'inconnu au connu.
Lavoisier : Mais certainement pas, c'est vous qui...
Schopenhauer : Prouvez-moi donc donc le contraire si vous pouvez.

Au fait, vous saviez que le frère de Lavoisier était en prison ? Il prétend que c'est une erreur judiciaire, évidemment. Enfin, « bon sang ne saurait mentir » comme on dit chez moi.

Fausse dichotomie

Votre adversaire va tenter de finasser et de vous faire perdre votre calme en entrant dans des détails dont tout le monde se fiche. Non, encore une fois il faut simplifier le débat. Il est clair que les choses sont noires ou blanches.

Mère Teresa : La paix commence par un sourire.
Schopenhauer : Ce n'est pas avec la paix que nous gagnerons la guerre contre le terrorisme !
Mère Teresa : Mais la paix...
Schopenhauer : C'est pourtant simple : êtes-vous avec nous ou avec les terroristes, Mme Teresa ?

Mère Teresa (un nom qui ne sonne pas très local soit dit en passant) y réfléchira à deux fois avant de défendre l'indéfendable.

Dénégation systématique

Pas la peine de perdre son temps à argumenter quand il est évident que votre adversaire a tort.

Wittgenstein : On pourra résumer en quelque sorte tout le sens du livre en ces termes : tout ce qui peut être dit peut être dit clairement, et sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence.
Schopenhauer : TUT TUT TUT TUT TUT TUT
Wittgenstein : Attendez...
Schopenhauer : TUT TUT TUT

Wittgenstein, c'est allemand comme nom, non ? Quand on pense à ce que les nazis ont fait....

Insultes

Parfois il est nécessaire de mettre le doigt sur un aspect particulièrement dégoûtant de votre interlocuteur, pour bien montrer à l'auditoire qu'il se commet avec des idées nauséabondes.

Habermas : Chacun d’entre nous porte seul la responsabilité de la forme éthique qu’il a donnée à sa propre vie.
Schopenhauer : Fasciste !
Habermas : Comment osez...
Schopenhauer : Sale pute nazie !

Habermas est allé pleurnicher dans son coin après ça, avec ses idées à la mords-moi-le-pif. Notez aussi que les insultes de votre adversaire ne font pas s'élever le débat, mais venant d'une personne telle que lui, bien connue pour ses prises de position extrêmistes, cela n'est pas étonnant.


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